La sœur de Samuel Paty, professeur poignardé et décapité le 16 octobre 2020, a sollicité que l'État reconnaisse sa responsabilité dans l'assassinat de son frère, le 15 mars dernier.
Une requête symbolique. L’avocate de la sœur de Samuel Paty a requis de l’État qu’il admette sa part de responsabilité dans le meurtre de l'enseignant, survenu près de son collège à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) en octobre 2020, a-t-elle indiqué ce mardi 19 mars à l'AFP, confirmant une information du Figaro.
Le courrier a été adressé le 15 mars au Premier ministre, Gabriel Attal, à la ministre de l'Éducation nationale, Nicole Belloubet, et au ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a précisé Maître Carine Chaix, l'avocate de Mickaëlle Paty.
Deux mois pour répondre à la requête
Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie, âgé de 47 ans, avait été poignardé puis décapité le 16 octobre 2020 par Abdoullakh Anzorov, un réfugié russe d'origine tchétchène de 18 ans, lui reprochant d'avoir montré en classe des caricatures de Mahomet. L’homme radicalisé avait revendiqué son geste en se félicitant d'avoir «vengé le prophète», avant d'être abattu par la police.
Des agents de l'Éducation nationale et du renseignement territorial des Yvelines étaient informés de la virulente campagne sur les réseaux sociaux autour du cours de Samuel Paty, sans pour autant le placer sous protection policière.
«L'éthique de la responsabilité ne peut pas s'arrêter aux portes de l'État. L'État ne peut pas demander aux enseignants d'être responsables et d'enseigner à des élèves pour qu'ils deviennent des adultes responsables si lui-même n'assume pas la responsabilité qui est la sienne», a développé Maître Chaix, qui a précisé que la requête s’accompagne d’une indemnisation d'un montant de 21.000 euros qui sera reversée à des associations laïques.
Le bureau de Matignon et les ministères de l'Éducation nationale et de l'Intérieur ont accusé bonne réception de la lettre. Ils disposent désormais de deux mois pour donner suite à cette demande. En l'absence de réponse ou de réponse négative, un recours sera déposé devant le tribunal administratif.
Le procès de huit adultes en novembre
En avril 2022, dix membres de la famille de Samuel Paty ont porté plainte contre l'administration pour le manque de protection envers le professeur. Une information judiciaire a été ouverte par le parquet de Paris pour non-assistance à personne en péril et non-empêchement de crime.
Six collégiens ont écopé de sanctions s'étendant de 14 mois d'emprisonnement avec sursis à six mois de prison ferme, aménagées sous bracelet électronique, le 9 décembre 2023 pour leur implication dans l'assassinat de Samuel Paty.
Le procès de huit adultes mis en cause dans cet attentat est prévu devant la cour d'assises spéciale du 12 novembre au 20 décembre.