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«J’ai voulu mettre fin à ma vie plusieurs fois» : au procès de l'assassinat de Samuel Paty, la vive émotion de la policière qui a découvert le corps du professeur

La policière municipale était en mission de sécurisation autour du collège du Bois-d’Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), lorsque Abdoullakh Anzorov a tué Samuel Paty. [© Bertrand GUAY / AFP]

Depuis lundi, la cour d’assises spéciale de Paris juge huit personnes impliquées dans l’assassinat de Samuel Paty, le professeur assassiné par un jeune islamiste radical le 16 octobre 2020. Une policière municipale, qui a découvert le corps de l’enseignant, a partagé ce vendredi son traumatisme.

Quatre ans après les faits, les souvenirs sont intacts. «J’ai cru que c’était un mannequin qui était au sol, puis très vite j’ai lâché la tablette, j’ai croisé le regard de Samuel. La tête était déjà coupée, le visage gonflé et lacéré», a témoigné une policière municipale à la cour d’assises spéciale de Paris ce vendredi 8 novembre, dans le cadre du jugement de huit personnes impliquées dans l’assassinat de Samuel Paty le 16 octobre 2020. 

La policière municipale était en mission de sécurisation autour du collège du Bois-d’Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), lorsque Abdoullakh Anzorov, assassin du professeur d’histoire-géographie, s’en est pris à sa victime. Une opération tant traumatisante pour la fonctionnaire de l'État, qu'elle a reconnu avoir pensé à «mettre fin à (sa) vie plusieurs fois».

«Anzorov a du entendre le moteur de notre véhicule, il a tourné la tête vers nous, il s’est relevé, il a pointé son arme sur nous, il nous a tiré dessus à trois reprises», s’est souvenue la policière, en larmes. «J’ai cru que j’allais mourir», a-t-elle confié, avouant avoir ordonné à son binôme d’accélérer de manière répétée. «À la troisième fois, il a appuyé (sur la pédale d’accélération du véhicule, ndlr), mais Anzorov nous suivait toujours avec son arme, avec un pas très déterminé». 

L’incapacité de retourner à conflans-sainte-honorine

Déclarée en accident du travail depuis la date des faits, la policière municipale est toujours très impactée par la découverte du corps de Samuel Paty. À l’heure actuelle, la fonctionnaire de l’État a la phobie des armes et est incapable de retourner à Conflans-Sainte-Honorine, où elle a exercé pendant quatorze ans. 

«J’ai voulu mettre fin à ma vie plusieurs fois… Il fallait que ça s’arrête», a avoué, à bout, l’agent de la fonction publique territoriale. «Mon enfant et mon mari m’ont empêché de passer à l’acte, sinon, je ne serai plus là aujourd’hui», a-t-elle confié. 

Jeudi 7 octobre, les dernières minutes de la vie de Samuel Paty ont été évoquées à la cour d’assises spéciale de Paris. Tout comme la policière municipale, l’audience a été tétanisée par l’impassibilité de l’assassin, âgé de 18 ans, lors de son passage à l'acte.

Les images de l’assassinat diffusées à la cour d’assises

«Il y a eu quatorze minutes entre la sortie de Samuel Paty du collège où il enseignait et la neutralisation (du tueur) Abdoullakh Anzorov. À aucun moment (ce dernier) n’a semblé perdre son sang froid», a détaillé un enquêteur antiterroriste. 

Sur des images captées par la vidéosurveillance du collège du Bois-d’Aulne le 16 octobre 2020, Samuel Paty apparaît, une capuche sur la tête, en train de quitter l’établissement. Une élève marchait derrière lui quand une silhouette, entièrement vêtue de noir, s'est manifestée. «C’est Abdoukllkakh Anzorov», a indiqué l’enquêteur, précisant que le jeune homme de 18 ans marchait «d’un pas énergique et déterminé» en direction de l’enseignant. L’homme paré de noir est aperçu en train de dépasser la collégienne, lui faisant signe de s’éloigner.

L’adolescente a vu l’inconnu sortir une arme blanche et courir vers Samuel Paty. C’est à 16h54 qu’Abdoullakh Anzorov a décapité le professeur à l’aide d’un couteau de cuisine, d’une longueur totale de 35 cm et doté d’une lame de 19 cm sur 4,5 cm d’épaisseur. Avant de s’éloigner, il a pris des clichés du corps martyrisé.

L’autopsie a révélé 14 plaies par arme blanche sur le corps de Samuel Paty, a relevé Sdat259, un enquêteur de la SDAT sous pseudonyme.                                                                           

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