À l’initiative de la région Île-de-France, et à la veille de la Journée internationale des droits des femmes, près de 180 femmes issues principalement de quartiers populaires ont été conviées à la rencontre baptisée «Paroles de femmes» ce jeudi 7 mars, depuis le siège de la région à Saint-Ouen-sur-Seine (Seine-Saint-Denis).
Des rôles essentiels pour la société. Alors que ce vendredi 8 mars marque la Journée internationale des droits des femmes, près de 180 personnalités du monde associatif ont été reçues par la région Île-de-France à un temps d'échange organisé ce jeudi 7 mars.
Au sein du grand auditorium du conseil régional, se sont succédé des témoignages illustrant les combats du quotidien menés depuis plusieurs années, ainsi que des doléances visant à renforcer les moyens régionaux pour les différentes structures associatives.
Ces femmes, pour la plupart présidentes d’associations ou à minima engagées dans le tissu associatif, ont témoigné devant la présidente de la région Valérie Pécresse, et Jean-Marc Mormeck, ancien boxeur professionnel et directeur général de l’agence régionale Oriane, spécialisée dans l'orientation des différents publics (étudiants, apprentis, demandeurs d'emploi).
Les rixes entre jeunes, un fléau combattu par ces femmes
Parmi les grandes thématiques évoquées durant ce temps de parole, l'une des principales s'est avérée être le travail de ces femmes pour endiguer les rixes entre bandes rivales.
«Il y a 6 ans j’ai perdu mon fils lors d'une rixe. Aujourd'hui, nous les mamans, avons un rôle primordial pour parler à nos enfants. J'en appelle aussi aux papas. Ce sont des gamins de 16 ans, 17 ans qui sont impliqués dans ces phénomènes et nous ne sommes pas dans une zone de guerre. Il faut que ces violences cessent», a expliqué Nathalie Birimta, présidente de la Fédération des mères combattantes. «Je vous en supplie, accentuons la communication et le relationnel pour endiguer ces pratiques», a-t-elle exhorté debout, au pupitre, face à plus d'une centaine de ses consœurs.
De son côté, Aoua Diabaté, elle aussi mère endeuillée après la mort de son enfant dans une rixe a raconté qu'elle sillonnait Paris depuis 2020 «pour apporter la paix dans les quartiers». «Je me bats dans ce sens au côté de mon mari», a expliqué la présidente de l'association Hismaël Diabley Junior (nom de son fils décédé, ndlr). «Je ne souhaite à aucune mère d’embrasser le cercueil de son fils», a-t-elle conclu.
«On a besoin de vous. On a besoin des mères», a insisté la présidente de région Valérie Pécresse, saluant à chaque témoignage le courage de ses femmes dans leurs combats tant personnels que ceux menés pour lutter contre ces phénomènes de violence.
Les limites du bénévolat
Aminata Dango, co-fondatrice de l'association Djamma-djigui, qui fait de sa priorité la lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants, basée à Noisiel (Seine-et-Marne), a souhaité mettre en lumière «les limites du bénévolat», statut sous lequel exercent la plupart des femmes réunies ce jeudi, pour mener à bien «des missions d’intérêt général».
Valérie Pécresse a, concernant ce sujet, reconnu que «l'objectif était évidemment de pérenniser ces rôles et transformer des statuts de bénévoles vers ceux de permanents», mettant aussi le doigt sur la nécessité d'effectuer «toutes les vérifications avant la délivrance des financements régionaux, illustrant son propos en indiquant que près de 2 millions d'euros avaient été détournés par des "escrocs"», suscitant un frisson au sein de l'auditorium.
L'autre point majeur, porté par de nombreuses femmes au travers de leurs prises de parole est la difficulté pour déposer des dossiers, des demandes de subventions et autres pièces administratives. Là aussi, la Région a tenu à ce que des facilitations soient apportées, et a proposé des aides à plusieurs associations pour débloquer certains dossiers.
Des initiatives nobles
La quasi-totalité des intervenantes ayant pu interpeller la présidente de la région a fait part de leur satisfaction concernant l'organisation d'un tel événement. Elles se sont réjouies que les problématiques de l'insertion professionnelle des femmes, de l'accompagnement des personnes en situation de handicap, des inégalités sexuelles et des violences en tous genres, dont sont victimes les femmes, aient pu être évoquées.
Mouna Bennani, présidente de l'association franco-marocaine Asli («mes origines» en arabe, ndlr), établie à Bures-sur-Yvette (Essonne) a confié à CNEWS l'importance de venir à ce temps d'échange, insistant sur l'une «des principales problématiques» qui reste l'accès des femmes à l’entrepreunariat. «Il est très difficile dans les quartiers, dans les petites communes aussi, de se lancer et c'est primordial d'accompagner ces femmes en ce sens», a-t-elle défendu.
À la fin de presque chaque intervention, Valérie Pécresse a salué l'engagement de ces femmes disséminées aux quatre coins des territoires de la région francilienne, promettant souvent un accompagnement plus personnalisé entre leurs structures et ses services.
La présidente de région a également rappelé les initiatives développées par les services régionaux tels que l'installation de «l'Abri», le premier refuge dédié aux victimes de violences sexistes et sexuelles, implanté au siège du Conseil régional d'Île-de-France (2 rue Simone Veil, Saint-Ouen-sur-Seine 93400), où sont prises en charge ces personnes 24h/24h 7j/7 par des professionnels.