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Saoudienne présumée kidnappée en Australie pour être renvoyée de force dans son pays : ce que l'on sait

Alison Battisson, spécialisée dans les droits humains est l'avocate de Lolita Safeeraldeen. [Saeed KHAN/AFP]

Lolita Safeeraldeen, une jeune femme arrivée à Melbourne en 2022 pour fuir un mari qu'elle avait été forcée d'épouser n’a plus donné signe de vie depuis mai 2023. Selon son avocate, elle aurait été enlevée et rapatriée en Arabie Saoudite.

«Je suis absolument certaine que Lolita ne retournerait jamais en Arabie saoudite de son plein gré», a affirmé Alison Battisson, avocate spécialisée dans les droits humains. Depuis environ 2022, cette dernière s’occupe du dossier de Lolita Safeeraldeen, une Saoudienne arrivée en Australie pour fuir un mari qu’elle a été forcée d’épouser. 

Alors que maître Battisson aidait la jeune femme à obtenir son visa de protection, sa cliente n’a plus donné signe de vie depuis mai 2023. Selon son avocate, elle aurait été enlevée et renvoyée de force dans son pays. 

Mariée à l'âge de 11 ans et mère de son premier enfant deux ans plus tard, la jeune femme victime de multiples agressions sexuelles, s'était réfugiée en Australie en 2022, où elle avait demandé l'asile, selon le journal The Australian. 

La même année, le 8 mars, une loi sur le «statut personnel» entre en vigueur en Arabie Saoudite et permet aux femmes d'étudier, de voyager ou encore de travailler sans l’autorisation d’un tuteur masculin. Toutefois, les défenseurs des droits humains remettent en cause cette mesure, le pays étant l’un des plus répressifs du monde sur la question des droits des femmes. 

Lolita bien vivante 

Depuis son plus jeune âge, Lolita Safeeraldeen a été forcée d'endosser l'identité de sa demi-sœur Hanan, décédée, qui avait neuf ans de plus qu'elle, selon ses soutiens. Son passeport indique ainsi que la jeune femme est âgée de 41 ans, mais elle en a 32 en réalité, affirment-ils. 

Selon les registres des vols, une certaine Hanan Safeeraldeen a embarqué à bord d'un avion depuis l'aéroport de Melbourne, quelques jours après enlèvement présumé de Lolita, selon maître Battisson. 

Alors qu'elle pensait d'abord que sa cliente s’était cachée, elle a finalement reçu la confirmation qu’elle était bel et bien en vie et se trouvait en Arabie saoudite, vraisemblablement dans un centre de détention ou de retour chez son mari. 

«Je suis extrêmement inquiète pour la sécurité de Lolita», a confié l'avocate. La nuit de son enlèvement présumé, l’une de ses proches, qui refuse de décliner son identité pour des raisons de sécurité, a reçu un appel «absolument terrifiant» de la jeune femme, au moment où des hommes la forçaient à quitter le pays. 

Une pétition lancée en ligne 

Des investigations ont été ouvertes par la police fédérale australienne en juin 2024. De son côté, le ministère australien de l'Intérieur a dit refuser de commenter l'affaire, mais a déclaré qu'il «enquêtait activement sur une série de cas d'ingérence étrangère». 

Pour sa part, Alison Battisson continue de réclamer un visa au gouvernement, car «chaque jour passé dans une prison saoudienne est un jour de plus où elle (Lolita, Ndlr) risque de subir des abus voire de mourir».  

«Le sort de Lolita n'est pas seulement une tragédie personnelle, c'est aussi un exemple d'ingérence étrangère qui a des répercussions sur les personnes vulnérables cherchant refuge en Australie», a ainsi écrit l’avocate dans une pétition visant à rapatrier la jeune femme dans le pays. «Le gouvernement australien doit veiller à ce que les femmes en danger comme Lolita soient placées sur une liste spéciale dans les aéroports et à ce que les demandeurs d'asile reçoivent la protection et le soutien dont ils ont besoin», a-t-elle poursuivi. 

Si la demande d'asile de Lolita Safeeraldeen était acceptée, celle-ci pourrait bénéficier d'une assistance consulaire, espère maître Battisson. Lancée le 29 juillet dernier, la pétition baptisée «Trouvons Lolita et ramenons la» a récolté 553 signatures. 

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