Devant les enquêteurs, l’assaillant de l’attentat d’Arras, dans le Pas-de-Calais, a avoué avoir ciblé intentionnellement Dominique Bernard, professeur de lettres. Selon Mohammed Mogouchkov, il voulait s’attaquer au symbole de «l’amour» de la France.
Une attaque ciblée. Lors de ses interrogatoires, en novembre et janvier dernier, l’assaillant de l’attentat d’Arras, dans le Pas-de-Calais, a reconnu avoir intentionnellement ciblé le professeur de lettres Dominique Bernard, le 13 octobre dernier. Mohammed Mogouchkov a expliqué avoir voulu s’en prendre au symbole de «l’amour» de la France.
«Dominique Bernard était professeur de français, c'est l'une des matières où on transmet la passion, l'amour, l'attachement du système en général de la République, de la démocratie, des droits de l'Homme», a affirmé le 10 novembre l’assaillant à la juge d'instruction, d'après des éléments dont l'AFP a eu connaissance.
Un plan élaboré
Selon son témoignage, Mohammed Mogouchkov a élaboré un plan «une à trois semaines à l’avance». Lors de ses interrogatoires, il explique notamment pourquoi il s’en est pris à son ancien professeur. Selon lui, il a attaqué Dominique Bernard pour les valeurs qu’il incarnait sans pour autant avoir «de problème particulier avec lui». Par ailleurs, l’assaillant, âgé de 21 ans, précise que le professeur en question était «la tâche principale» de son plan.
«Les moyens utilisés, le jour choisi (le vendredi), l'emplacement et la cible étaient intentionnels, c'était planifié». Il a effectué des repérages «des vendredis précédents», acheté «deux couteaux pliants», l'un la veille, l'autre sept jours avant, et décidé d'agir un vendredi, le jour «avec la plus grande symbolique de l'islam». En revanche, les «moments» qui ont suivi le «premier coup de couteau» à Dominique Bernard «étaient improvisés».
Mais, qu’en est-il pour les trois autres personnes blessées lors de l’attentat ? Durant le second interrogatoire, le 12 janvier dernier, l’assaillant assure avoir «refusé» de les tuer. Il explique cela comme «une pitié de les voir mourir ou se faire tuer en état de mécréance». Il prétend avoir eu «plutôt l'envie» de les pousser à croire, «en leur parlant». Cependant, il assure ne jamais avoir visé de femme.
La famille de l’assaillant intrigue
Mohammed Mogouchkov n’a pas été le seul à être interrogé dans cette affaire. Son jeune frère ainsi que son cousin ont également été mis en examen et interrogés respectivement en novembre et en décembre. Concernant le frère âgé de 16 ans, il est soupçonné par les enquêteurs de complicité d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste. En cause : une discussion où il répond aux questions de Mohammed sur le maniement des couteaux.
Avec Mohammed, «on pouvait parler de tout, de potagers» et, aussi, de décapitation, c'était «une discussion comme une autre», a décrit le frère devant la juge d'instruction en décembre. Il explique avoir «une passion» pour les armes et les vidéos violentes en tout genre.
Depuis le début des investigations, l'entourage de l'assaillant intrigue les enquêteurs, qui ont retrouvé plusieurs armes dans la cave du domicile familial. L'aîné des Mogouchkov, Movsar, est actuellement incarcéré pour ne pas avoir dénoncé un projet d'attentat aux abords de l'Elysée. Mais il n'est pas poursuivi à ce stade pour celui d'Arras.
De son côté, la mère, qui s’estime victime collatérale de l’attentat, notamment avec le placement en foyer de sa plus jeune fille, a demandé à se constituer partie civile. La décision en appel sera rendue mercredi. Face à cette enquête, qui s’intéresse notamment à sa famille, Mohammed Mogouchkov insiste sur le fait d’avoir agi seul. «Aucune personne n’était au courant de ce projet ou même de cette volonté», a-t-il répété.