L’IFOP a publié ce vendredi une nouvelle étude sur le rapport de la communauté musulmane française à la laïcité. Ce sondage montre notamment que 31% des élèves musulmans scolarisés dans l’enseignement secondaire ou supérieur ne condamnent pas «totalement» l’attentat contre l’enseignant Dominique Bernard à Arras.
La condamnation de l’assassinat de Dominique Bernard, professeur de littérature tué le 13 octobre dernier par un terroriste islamiste n’est pas unanime chez les jeunes musulmans. En effet, selon une nouvelle étude de l’IFOP* sur le rapport de la communauté musulmane de France à la laïcité, 31% des élèves musulmans scolarisés dans le supérieur ou le secondaire ne condamnent pas «totalement» cet attentat terroriste.
Dans le détail, 8% ne condamnent pas cet assassinat, et 23% le condamnent mais partagent «certaines motivations» de l’auteur de l’attaque. Ces proportions sont plus élevées chez les jeunes musulmans scolarisés que dans l’ensemble de la communauté musulmane de plus de 15 ans, qui sont quant à eux 16% à ne pas totalement condamner cet attentat, contre 5% de l’ensemble des Français de plus de 15 ans.
Le rapport particulier des musulmans à la laïcité n’empêche pas 78% des musulmans de condamner le meurtre de Dominique Bernard à Arras ; néanmoins, 16% des musulmans ne condamnent pas totalement cet acte, ce taux montant à 31% chez ceux en cours d’étude actuellement pic.twitter.com/8V7byrJXUN
— Ifop Opinion (@IfopOpinion) December 8, 2023
«C’est problématique puisque, pour Samuel Paty, on pouvait lui "reprocher" d’avoir blasphémé le prophète. Là, Dominique Bernard n’a strictement rien fait à part être professeur», a souligné auprès de CNEWS Français Kraus, directeur du pôle Politique et Actualité de l’IFOP.
Le sondage indique également que 78% des sondés estiment que la laïcité telle qu'elle est appliquée aujourd'hui par les pouvoirs publics est discriminatoire envers les musulmans. «Près de 20 ans après son application, les Français de confession musulmane sont toujours massivement opposés à la loi de 2004 interdisant les signes religieux ostensibles à l’Ecole. En effet, les deux tiers d’entre eux (65%) se disent favorables au port de couvre-chefs à caractère religieux (ex : voile, kippa…) dans l’enceinte des collèges et lycées publics», indique notamment l'IFOP dans un communiqué.
Une grande majorité des sondés souhaite également la mise en place de nouveaux jours fériés pour les adeptes des confessions minoritaires, comme pour l'Aïd-el-Kebir, Kippour etc.
Par ailleurs, 75% des Français musulmans sont également favorables à l’autorisation du port de couvre-chefs religieux pour les athlètes lors des JO de Paris l’été prochain, ou encore à l’autorisation du financement des lieux de cultes par l’État pour les principales religions.
* Sondage réalisé sur échantillon de 1.002 personnes, représentatif de la population de religion musulmane vivant en France métropolitaine âgée de 15 ans et plus et sur un autre échantillon de 1.022 personnes, représentatif de l’ensemble de la population vivant en France métropolitaine âgée de 15 ans et plus, par questionnaire autoadministré en ligne du 21 au 29 novembre 2023 pour la population de religion musulmane vivant en France métropolitaine et du 28 au 29 novembre 2023 pour l’ensemble de la population vivant en France métropolitaine