Ce vendredi 8 décembre, les six collégiens ont été condamnés dans le cadre de l'affaire Samuel Paty pour dénonciation calomnieuse ou association de malfaiteurs en vue de préparer des violences aggravées, à des peines allant jusqu’à 24 mois de prison dont 18 mois assortis d'un sursis mise à l'épreuve.
Ouvert le 27 novembre dernier, le procès de six adolescents impliqués dans l’assassinat du professeur d’Histoire, Samuel Paty, décapité en pleine rue le 16 octobre 2020 par un terroriste islamiste, s'est achevé ce vendredi 8 décembre.
Les six collégiens ont été condamnés à différentes peines. Une première adolescente a été condamnée pour dénonciation calomnieuse à 18 mois de prison avec sursis avec mise à l'épreuve pendant deux ans, et à des mesures éducatives et judiciaires pendant trois ans. Elle avait 13 ans au moment des faits, et avait expliqué que le professeur d’Histoire avait demandé aux élèves musulmans de se signaler et de quitter sa salle de cours avant de montrer des caricatures de Mahomet de Charlie Hebdo. Il s’est avéré par la suite que la jeune fille n’était pas en classe ce jour-là.
Ses propos, visiblement mensongers, avaient entraîné une campagne de dénonciation et un acharnement sur les réseaux sociaux à l’encontre de Samuel Paty. Ceux-ci avaient été menés par le père de l’adolescente en question et le militant islamiste Abdelhakim Sefrioui, auteur de vidéos qui avaient attiré l’attention sur le professeur.
Une peine sous bracelet électronique
Les autres adolescents ont été condamnés pour association de malfaiteurs en vue de préparer des violences aggravées. Un premier jeune s'est vu infliger une peine de 24 mois de prison dont 18 mois assortis d'un sursis avec mise à l'épreuve pendant trois ans, et la partie ferme de sa peine sera effectuée sous bracelet électronique.
Un autre collégien a été condamné à 20 mois de prison avec sursis probatoire pendant trois ans et à une mesure éducative judiciaire jusqu'à ses 21 ans.
Les trois derniers prévenus ont été condamnés à des peines allant de 14 à 18 mois de prison avec sursis probatoire pendant deux ou trois ans, et à une mesure éducative judiciaire pendant trois ans pour deux d'entre eux.
Ces collégiens jugés étaient âgés de 14 à 15 ans à l’époque des faits. Ils avaient surveillé les alentours du collège, contre rémunération, et avaient désigné la victime à l’assaillant, Abdoullakh Anzorov.
Les jeunes en larmes lors des auditions
Dans ce dossier, l’Education nationale s'était constituée partie civile, comme l’a indiqué le ministre Gabriel Attal à l’AFP. Il s’agissait-là d’un souhait de «réaffirmer avec force notre volonté de défendre les valeurs de la République que Samuel Paty incarnait, mais aussi pour exprimer mon soutien indéfectible à l'ensemble du corps enseignant».
En avril dernier, l’enquête sur l’assassinat du professeur avait permis de retracer «la chronique d’une mise à mort» de Samuel Paty. Du mensonge de la collégienne aux attaques en ligne, jusqu'à l'arrivée de l'assaillant devant le collège le 16 octobre, où il avait donné 300 euros à des collégiens pour identifier la victime qu'il voulait «filmer en train de s'excuser».
Lors d'auditions où ils se sont effondrés en larmes, ces collégiens ont juré avoir imaginé que le professeur se ferait tout au plus «afficher sur les réseaux», peut-être «humilier», «taper»... mais «jamais» que ça irait «jusqu'à la mort».
Pour rappel, dans le cadre de cette même affaire d'assassinat, un autre procès, impliquant cette fois huit adultes, est prévu fin 2024.