Plusieurs centaines de personnes se sont réunies dans le calme ce dimanche à Nanterre (Hauts-de-Seine) à l'appel de la mère de Nahel, quelques jours après la remise en liberté du policier auteur du tir mortel sur l'adolescent en juin dernier.
Une manifestation dans le calme. Quelques jours après la décision de la justice de remettre en liberté le policier qui avait tué Nahel, un adolescent de 17 ans, après un refus d’obtempérer en juin dernier, la mère du jeune garçon a organisé un rassemblement pacifique, ce dimanche 19 novembre, à Nanterre, pour protester contre cette décision et pour «ne pas oublier Nahel».
«Pas de justice, pas de paix»
«Le matin quand je me réveille, je n'ai plus le sourire de mon fils. Comment accepter tout ça ? Il faut qu'ils arrêtent de tuer nos enfants», a supplié la mère de Nahel, en pleurs, avant d’adresser un discours plein d’émotions en mémoire de son fils. «N’oubliez pas Nahel !», a lancé au micro un des amis de l'adolescent, avant que plusieurs autres ne prennent la parole.
«C’est toujours les mêmes qui meurent de refus d'obtempérer», a également dénoncé l'un d'eux, tandis que d'autres brandissaient des pancartes sur lesquelles était écrit «La police tue». «Pas de justice, pas de paix», clamaient les manifestants entre différentes prises de parole.
Mounia, la mère de Nahel lors la marche organisée, ce dimanche à Nanterre, après la remise en liberté du policier auteur du tir mortel : «Le matin quand je me réveille, je n'ai plus le sourire de mon fils. Comment accepter tout ça ? Il faut qu'ils arrêtent de tuer nos enfants» pic.twitter.com/56e9dsipZi
— CNEWS (@CNEWS) November 19, 2023
Pour rappel, la justice a ordonné mercredi la remise en liberté et le placement sous contrôle judiciaire du policier de 38 ans qui a ouvert le feu et tué Nahel, au volant de son véhicule, le 27 juin dernier, lors d'un contrôle routier dans les rues de Nanterre.
La mort de l'adolescent avait déclenché plus d'une semaine de violences, affrontements avec les forces de l'ordre et autres pillages dans de nombreuses villes de France, les plus graves émeutes survenues dans le pays depuis 2005. Le policier reste toutefois mis en examen pour meurtre.
Plusieurs riverains ont également pris la parole, à l’image de Shaïnez, 16 ans, venue avec sa mère protester contre cette décision. Elles vivent dans la cité Pablo Picasso et sont voisines de la mère de Nahel. «On est obligées de se battre, de venir pour lui», dit Shaïnez, révoltée par la remise en liberté «incompréhensible» du policier. «Nahel, on le reverra pas, et le policier sera avec sa famille pour les fêtes, c'est de l'injustice», a-t-elle déclaré.
Imane, étudiante de 19 ans à la faculté de Nanterre qui n'a pas souhaité donner son nom de famille, confie elle ressentir du «dégoût» après la libération du policier. Elle ajoute s'être déplacée pour «rappeler qu'un meurtre est un meurtre, quelque soit le statut» du mis en cause.
La loi sur l'usage des armes par les policiers contestée
Plusieurs manifestants portaient également des pancartes disant «435-1, la loi tue», référence à l'article du Code de la sécurité intérieure (CSI) qui régit les conditions dans lesquelles les policiers et gendarmes peuvent faire usage de leur arme. Présent au rassemblement, le député LFI Thomas Portes, qui a fait le déplacement avec les députés LFI de la Seine-Saint-Denis, Éric Coquerel et Jérôme Legavre, a répété que son groupe voulait l'abrogation de cet article de loi adopté en 2017.
La manifestation s’est finalement dispersée vers 16h30. De très légères frictions avec les forces de l’ordre ont été observées à ce moment, avant que la mère de Nahel n’intervienne aussitôt pour appeler au calme.