Le gouvernement prépare un décret afin de faire disparaître les appellations telles que «steak» ou «jambon» pour les produits vegans. Ces termes porteraient à confusion pour les consommateurs.
Le gouvernement tente une nouvelle fois de faire disparaître les appellations utilisant des noms de viandes pour désigner des produits vegans. Un décret est donc en cours de préparation, il permettra d'imposer une différenciation.
Une revendication de longue date
Un texte que les acteurs de la filière animale attendaient depuis longtemps. Selon eux, la confusion est trop grande pour les consommateurs. Ils souhaitent revoir les termes comme «jambon végétal», «saucisse vegan» ou encore «bacon végétarien».
Une requête qui peut surprendre. Cependant le gouvernement l'a entendue et avait posé en juin 2022 un premier décret, ayant été suspendu en référé par le Conseil d'État.
Le sujet des appellations de «viandes vegans» n'est ensuite revenu sur la table que très récemment.
Des règles à respecter
En juillet dernier, la plus haute juridiction administrative a saisi la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), sur des questions d'interprétation de la réglementation européenne en matière d'étiquetage.
Le ministère de l'Agriculture a déclaré avoir pris en compte les remarques du Conseil d'État dans la préparation de ce nouveau texte. La procédure de la CJUE n'est pourtant pas encore aboutie. Le ministère a également créé deux listes précisant les termes à réserver aux produits animaux ne contenant que très peu de protéines végétales et vegans. Il s'agirait entre autres de «faux-filet», d'«escalope» ou encore de «chorizo».
Le texte ne s'appliquerait néanmoins qu'aux produits «légalement fabriqués ou commercialisés» en France.
Le gouvernement a notifié le texte fin août à la Commission européenne. Le ministère a quant à lui précisé que le décret pourra être signé et publié seulement trois mois plus tard.
Selon le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, ce texte «est un enjeu de transparence et de loyauté qui répond à une attente légitime des consommateurs et des producteurs».
Un texte qui ne fait pas l'unanimité
Si le gouvernement défend ce projet, on ne peut pas dire que ce soit le cas de tous. La cofondatrice de l'association de défense des animaux L214, Brigitte Gothière, a dénoncé une «manipulation exemplaire du ministère de la viande».
Elle s'est d'ailleurs exprimée sur X (anciennement Twitter).
"Quand on a un produit qui s'appelle 'huile de moteur', le consommateur peut voir 'huile', le mettre dans son panier alors qu'il ne s'est pas attardé sur le mot 'moteur'".
Oui, c'est ridicule.
Comme ce décret.
A contresens du bon sens. https://t.co/NllQ6TIb8y— Brigitte Gothière (@BGothiere) September 5, 2023
D'autre part, pour Guillaume Hannotin, avocat de l'organisation Protéines France qui défend les industriels de la filière des protéines végétales et, ce texte est en contradiction avec la réglementation européenne sur l'étiquetage, qui accepte des dénominations vegans d'usage pour les alternatives à la viande. Il avait d'ailleurs demandé la suspension du premier décret.
«Le terme steak végétal est utilisé depuis plus de 40 ans», a-t-il déclaré auprès de l'AFP. D'après lui, certains mots évoquant une forme, comme la saucisse ou une façon de cuisiner «sont difficiles à remplacer». Il ajoute également que cela s'apparente à du mépris de la part du gouvernement envers les procédures européennes.