Nahel M., un adolescent de 17 ans, a été tué par balle après un refus d’obtempérer lors d’un contrôle de police. Un drame qui a provoqué l'immense colère de sa grand-mère. «Je ne leur pardonnerai jamais», a-t-elle dit.
La réaction était-elle proportionnée ? C’est la question à laquelle devront répondre les enquêteurs de l’IGPN alors que deux enquêtes ont été ouvertes après qu’un adolescent de 17 ans a été tué par balle lors d’un contrôle de police. Selon la grand-mère de la victime, elle ne l'était pas et la véritable responsabilité de ce drame incombe au gouvernement.
«Mon petit-fils est mort, ils ont tué mon petit-fils. Je ne suis pas bien du tout, je suis contre le gouvernement. Ils ont tué mon petit-fils, maintenant je m'en fous de tout le monde, ils m'ont pris mon petit-fils, je ne leur pardonnerai jamais de la vie, jamais, jamais, jamais», a fustigé la grand-mère de la victime, pleine de tristesse.
Nouvelle règlementation sur l'usage des armes par les policiers en 2017
Au regard de son témoignage, s'il est difficile de comprendre exactement si la grand-mère de la victime tient pour responsable les policiers mis en cause dans l'affaire, il semble qu'elle accuse plutôt le gouvernement, faisant probablement écho au changement de règlementation concernant l'usage des armes par les policiers, survenu en 2017.
En février 2017, la réglementation sur l’usage des armes à feu des policiers a changé et s’est alignée sur celle des gendarmes. Auparavant, les fonctionnaires étaient soumis au code pénal et devaient prouver la légitime défense comme n’importe quel citoyen. Désormais, ils peuvent faire feu sur un véhicule «dont les occupants sont susceptibles de perpétrer, dans leur fuite, des atteintes à leur vie ou à leur intégrité physique ou à celles d’autrui», selon l’article L. 435-1 du code de la sécurité intérieure.
Le texte précise toutefois que l’usage des armes est autorisé seulement en cas «d’absolue nécessité et de manière strictement proportionnée». Selon un rapport de l'IGPN de 2021, l'année qui recense le plus de tirs effectués par des policiers à l'encontre d'un véhicule en mouvement est l'année 2017.
La vidéo d'un témoin contredit les déclarations des policiers
Pour rappel, le drame a eu lieu ce mardi matin, vers 8h30, à Nanterre (Hauts-de-Seine). Des policiers ont demandé au conducteur d'une Mercedes jaune qui avait commis plusieurs infractions routières de s’arrêter pour un contrôle. Le jeune homme a d’abord arrêté son véhicule, a ensuite été mis en joue par un policier qui se tenait sur le côté du véhicule, avant de redémarrer. A ce moment précis, l’agent a tiré une fois à bout portant sur le conducteur, et la voiture a fini sa course quelques mètres plus loin, encastrée dans un poteau.
La victime est décédée peu de temps après avoir été atteinte, malgré l’intervention du Samu qui lui a prodigué un massage cardiaque sur place. «Son décès a été constaté à 9h15 suite à au moins une blessure par arme à feu», a précisé le parquet. Par la suite, les policiers ont affirmé que la victime avait «foncé sur un agent», mais cette version a été démentie par une vidéo filmée par un témoin, qui semble ne montrer aucun danger réel pour le policier qui tenait en joue le conducteur.
Images horribles d'un jeune de 17 ans abattu à bout portant à #Nanterre par un policier ce matin.
Un refus d'obtempérer ne devrait jamais mériter la peine de mort ! pic.twitter.com/ORI5c2tBz9— Manon Aubry (@ManonAubryFr) June 27, 2023
Les avocats de la famille déposent plainte
Les avocats de la famille du jeune Nahel M., ont annoncé leur intention de porter plainte pour homicide volontaire contre le policier auteur du tir. «Son intention de donner la mort ne fait aucun doute puisqu’il résulte de la bande son de la vidéo qu’il annonce avant son tir 'je vais te mettre une balle dans la tête'. La plainte visera également son collègue pour complicité d’homicide volontaire, lequel semble faire injonction à son collègue de faire feu en disant 'shoot le' juste avant le tir», ont précisé Me Y. Bouzrou, J. Cambla et A. Benamara.
«Une seconde plainte pour faux en écriture publique sera déposée à l’encontre des policiers qui ont affirmé que le jeune homme avait tenté de commettre un homicide sur leur personne en tentant de les percuter, ce qui est formellement démenti par le visionnage de la vidéo», ont ajouté les avocats.