Ce mardi 7 mars à l’Assemblée nationale, le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, a adressé deux bras d’honneur au député LR Olivier Marleix. La séance a été interrompue.
Un geste violent. Les débats à l’Assemblée nationale ont été perturbés ce mardi 7 mars lors de l’examen d’une proposition de loi d’Aurore Bergé visant à étendre la peine complémentaire obligatoire d’inéligibilité à une série de violences aggravées, dont celle sur conjoint.
Alors qu’Olivier Marleix venait de rappeler à la tribune la mise en examen d’Eric Dupond-Moretti pour prises illégales d’intérêt, le garde des Sceaux a adressé au président du groupe LR deux bras d’honneur.
«Je vous rafraîchis la mémoire. 11 condamnations dans la majorité dont celle de violence envers une ex-compagne avec refus du bureau de l’Assemblée nationale de lever l’immunité parlementaire du député concerné et un autre condamné pour harcèlement sexuel envers une collaboratrice», a déclaré Olivier Marleix.
«8 mises en examen dont celle du secrétaire général de la présidence de la République, excusé du peu, et, pardon Monsieur le garde, celle du garde des Sceaux, accusés l’un et l’autre de prises illégales d’intérêt», a-t-il ajouté.
En réponse aux propos du président du groupe LR, Eric Dupond-Moretti a contesté «totalement les faits» qui lui sont reprochés avant d’adresser un bras d’honneur à Olivier Marleix.
Ce geste n’est pas passé inaperçu au sein de l’hémicycle et le groupe LR n’a pas tardé à réagir. «C’est quelque chose d’assez inqualifiable. Nos collègues ont été extrêmement choqués. On ne peut qu’être choqués par ce genre de pratique. Normalement, un ministre de la République au sein de l’enceinte du parlement devrait avoir un devoir d’exemplarité, mais manifestement il n’en est rien», a réagi le député LR Patrick Hetzel.
Interrogé sur son geste, Eric Dupond-Moretti a alors affirmé qu’il «n'y a pas eu un bras d’honneur, mais deux, accompagnés de paroles à chaque fois». La scène surréaliste a conduit à la suspension de la séance.
Eric Dupond-Moretti se défend et présente ses excuses
A la reprise des débats, le ministre de la Justice a assuré que «les bras d’honneur n’étaient pas adressés au député» mais bien à la «présomption d’innocence».
«Si vous l’avez pris pour vous je regrette ce geste mais lorsque j’ai fait ce double geste, j’ai dit c’est un bras d’honneur à la présomption d’innocence. Je suis en ce qui me concerne particulièrement respectueux de la présomption d’innocence et certains d’entre vous le savent, a-t-il dit. Ce geste n’est pas injurieux à votre égard. C’est le geste de quelqu’un qui, peut-être, a eu tort de réagir comme il a réagi».
Le président du groupe LR a alors affirmé ne porter «aucune accusation, j’ai rappelé un fait». «Les excuses ne sont pas pour moi, elles sont pour l’institution», a-t-il poursuivi avant une nouvelle interruption de séance.
Lors d’une nouvelle prise de parole, le garde des Sceaux a présenté ses excuses à Olivier Marleix dénonçant un «geste mal interprété». «Monsieur Marleix, je suis profondément affecté par ce moment que je suis amené à vivre. Je redis ici avec beaucoup de force que je n’ai pas voulu viser le président (du groupe LR) Marleix. Mais si mon geste a été mal interprété, je lui présente mes excuses ainsi qu’à toute la représentation nationale», a-t-il martelé.