L’ancien président du Palais Bourbon, Jean-Louis Debré, a balayé les critiques visant le débat sur le projet de réforme des retraites, attirant plutôt l'attention sur l'«antiparlementarisme».
En tant qu'ancien président de l'Assemblée nationale, Jean-Louis Debré assure que «le spectacle» y a «toujours existé». Aussi, les débats houleux, parfois jugés excessifs, tenus récemment sur le projet de réforme des retraites n'ont à ses yeux rien de nouveau. Ce vendredi 3 mars, il a plutôt mis en garde contre «l'antiparlementarisme».
Réagissant aux propos de ceux qui s'offusquent de la véhémence des échanges entre les députés, Jean-Louis Debré est revenu sur de précédents grands dossiers législatifs, qui ont, selon lui, occasionné autant de désordre au sein de l'hémicycle que l'actuelle réforme des retraites.
«On dit que l'opposition a déposé 11.000 amendements mais, quand j'étais président, au moment du CPE (Contrat première embauche, ndlr), il y a eu plus de 100.000 amendements», se souvient-il au micro de RTL.
«On vous dit "ils se sont empoignés dans l'Assemblée", mais prenez l'histoire du Parlement [...], la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat, ça a été une bagarre physique ! ». Jean-Louis Debré cite également «la loi sur l'interruption volontaire de grossesse» qui a valu à Simone Veil d'être traitée d'«assassin», ou encore «la loi sur le Mariage pour tous», source de nombreuses crispations.
L'effet loupe des réseaux sociaux
Pour l'ancien président du Palais Bourbon, ces différents moments ont suscité des débats d'une véhémence similaire à ceux observés actuellement. La différence, c'est qu'aujourd'hui, «les réseaux sociaux et la télévision en continu [...] accroi[ssent] cette image», précise-t-il.
Jean-Louis Debré déplore aussi «l'image donnée par un certain nombre de députés mal habillés». Avant, «il y avait une obligation, comme on était représentants du peuple, d'être correct. Or, aujourd'hui, il n'y a plus cela», regrette-t-il.
Ce point l'inquiète plus que le désordre des échanges au sein de l'hémicycle. L'ancien président de l'Assemblée y voit en effet «le développement d'un phénomène qui est permanent en France», celui de «l'anti-parlementarisme». A ce sujet, il met en garde : «Attention, la démocratie, le parlementarisme, ce n'est pas la panacée, mais je les préfère à la dictature».