Un terroriste a tué un touriste de nationalité allemande et philippine au couteau à Paris (15e arrondissement) et blessé deux autres personnes au marteau ce samedi. Né en 1997 en France, le suspect est fiché S pour radicalisation.
Au lendemain de l'attaque terroriste qui a fait un mort et deux blessés à Paris, le profil de l'assaillant, fiché S, est sujet à de nombreuses polémiques. Bien que suivi par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), il a également été en lien avec plusieurs terroristes notoires, tel que l'assassin du professeur Samuel Paty en 2020, notamment.
Dispositif connu en ce qui concerne la radicalisation et le terrorisme, la fiche S recense des personnes «soupçonnées de visées terroristes ou d'atteinte à la sûreté de l'Etat (ou de complicité), explique le ministère de l'Intérieur.
Qui peut être fiché S ?
La fiche S, pour «sûreté de l’Etat», cible une personne représentant une menace potentielle pour la sécurité de la France, qu’elle ait ou non commis un délit ou un crime.
Les critères pour être fiché S sont très larges. L'instance (DGSI ou DRPP) qui décide d'établir cette fiche se fonde sur des informations ou des soupçons de visées terroristes ou d'atteinte à la sûreté de l’Etat, que cela soit de façon directe ou indirecte par le biais de complicités.
Dans un rapport d'information datant de décembre 2018, le Sénat estimait que : «Les critères permettant une inscription S peuvent concerner un grand nombre de personnes et n'exigent pas de rapporter a priori des informations circonstanciées quant à la menace que représente la personne fichée S ou ses relations.»
La fiche S est divisée en onze catégories de S2 à S16. Ces catégories ne correspondent pas au niveau de dangerosité de la personne fichée mais au profil de cette dernière. Ainsi les personnes fichées peuvent être des militants écologistes, des activistes politiques, des hooligans, des manifestants particulièrement actifs, ou encore des personnes radicalisées.
Qui gère les fiches S ?
Les fiches S sont éditées par la Direction générale de la sécurité Intérieure (DGSI) ou par la Direction du Renseignement de la Préfecture de Police (DRPP). Elles sont ensuite centralisées dans le grand fichier de la police, le fichier des personnes recherchées (FRP).
Ces fiches sont également copiées et enregistrées dans le système d’informations Schengen (DIS), mis à la disposition de l’ensemble des polices européennes.
Depuis 2015, il existe également un autre fichier administré par la DGSI, le fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT), qui centralise les informations sur les personnes susceptibles de prendre part à des opérations terroristes, et permet d'assurer un suivi.
que contient une fiche S ?
D’après un décret de 2010, sur la fiche S sont inscrits l’Etat civil, le signalement et la photo de l’individu. Il est également dicté aux policiers la conduite à adopter en cas de contrôle. La fiche S a un rôle d’alerte, notamment en cas de contrôle d’identité.
Selon le site du ministère de l'Intérieur, la fiche S ne contient pas d'informations relatives au suivi de la personne et ne mesure pas la radicalisation de la personne. «C’est un outil d’enquête (collecte des données obtenues lors de contrôles) et de remontée discrète vers les services de renseignement habilités», précise le ministère.
La fiche S n'a pas une durée de validité illimitée. Au bout de deux ans cette dernière doit être renouvelée ou détruite si la personne en faisant l'objet ne représente plus à ce moment-là une menace pour la sûreté de l'Etat.