Alors que les poubelles continuent de s'entasser dans les rues de plusieurs villes du pays, dont Paris, conséquence de la grève des éboueurs contre la réforme des retraites, les craintes quant à une résurgence de la leptospirose, communément appelée «maladie du rat», sont fortes.
Des rats et des risques ? Une dizaine de jours après le début de la grève des éboueurs, les monceaux de poubelles dans les villes concernées, dont Paris, attirent les rats qui s'aventurent à se promener en surface et en plein jour. Ce faisant, les rongeurs laissent leurs déjections et leurs urines. Or les rats peuvent être à l'origine d'une infection bactérienne, la leptospirose.
plusieurs centaines de cas par an
Transmise par les rats, la leptospirose a été logiquement surnommée «maladie du rat». En France, on observe «plusieurs centaines de cas par an», selon le ministère de la Santé, qui rappelle aussi que la leptospirose est «une zoonose [maladie infectieuse qui est passée de l'animal à l'homme, ndlr] très répandue dans le monde, particulièrement en milieu tropical».
«Chez l'homme, la bactérie pénètre principalement par la peau lésée ou les muqueuses. La transmission peut être directe par simple contact avec des animaux infectés ou par morsure (notamment morsure de rat), mais dans la plupart des cas, la transmission est indirecte au cours d'activités de baignade en eau douce, de pêche ou de canotage, pratique du kayak, rafting ou canyoning», explique le ministère de la Santé.
C'est donc à la fois une maladie professionnelle qui peut toucher les vétérinaires, les éleveurs, le personnel des abattoirs et les égoutiers mais aussi une zoonose de loisirs contractée lors d'activités de baignade ou de pêche en eau douce. Quant aux symptômes, ils ressemblent fortement à ceux de la grippe, avec de la fièvre et des douleurs musculaires.
le réchauffement climatique, facteur aggravant
Mais si les risques de contamination existent en milieu urbain, ils sont tout de même très faibles. A moins de traîner dans les égouts ou de se baigner dans des eaux contaminées.
En 2016, plusieurs cas avérés de contamination à la leptospirose avaient néanmoins été révélées par Santé Publique France, sur des personnes détenues dans un centre de privation de liberté, où la présence de nombreux rats était connue.
Un centre pénitentiaire où un cas de leptospirose avec notion d'exposition aux rats avait déjà été identifié quelques années auparavant, indiquant que les rongeurs étaient bien porteurs de l'agent de la leptospirose.
Cette maladie, qui «reste un problème de santé publique important dans les territoires français», est par ailleurs «considérée comme une maladie émergente en raison du changement climatique et d'une urbanisation grandissante», selon l'OMS.
De fait, c'est durant les mois les plus chauds – en août et septembre – que le nombre de cas est le plus important, ainsi que dans les territoires où les températures sont les plus fortes. Pour preuve, le taux d'incidence est 12 à 70 fois plus élevé dans les territoires d'Outre-mer qu'en France métropolitaine.