Selon un sondage de l’IFOP, de nombreux consommateurs de viande approuvent un bon nombre d'affirmations sexistes sur le rôle d’une femme dans un foyer ou encore sur la culture du viol.
Ce sondage donnerait-il finalement raison à Sandrine Rousseau ? C’est ce que semble affirmer l’IFOP dans son étude sortie lundi 19 septembre. À l’issue d’une enquête menée auprès de 2.033 hommes «représentatifs de la population masculine française», âgés de 18 ans ou plus, il ressort que la majorité des consommateurs de viande sondés adhèrent à de nombreux stéréotypes sexistes et misogynes.
Pour les besoins de l’étude, une dizaine d'affirmations sur les femmes ont été présentées aux hommes sondés, consommateurs de viande ou non. On apprend ainsi que 47% des consommateurs quotidiens de boeuf approuvent que «dans un couple, il est normal que la femme effectue plus d’activités ménagères que l’homme».
Aussi, 36% des consommateurs quotidiens sondés sont d’accord avec l’affirmation que «lorsqu’on veut avoir une relation sexuelle avec elles, beaucoup de femmes disent “non” mais ça veut dire “oui “» : «Au regard de ces résultats, la consommation intensive de viande rouge peut être interprétée comme une volonté de "faire genre" chez des hommes voyant dans l’ingestion d’une "nourriture d’homme" un moyen de remplir socialement leurs rôles de genre», analyse François Kraus, directeur du pôle actualités et politique de l’IFOP.
«Homme soja» de gauche contre «viandard» de droite
Dans un autre registre, ces dernières années ont vu apparaître l’appellation «homme soja» popularisée par les cercles masculins d’extrême droite, et initialement dédiée aux hommes mangeant peu ou pas de viande. Cette appellation s’est ensuite élargie aux hommes se rapprochant d’une idéologie féministe ou de gauche.
Ainsi, 28% des hommes jugent que «”Homme soja” (“soy boy”) est une expression juste et adéquate pour qualifier les hommes qui préfèrent le soja/tofu à la viande». Parmi ce faible pourcentage figurent 80% d’hommes d’extrême-droite.
L'enquête révèle également qu'une majorité de consommateurs quotidiens de viande se situeraient tout à droite de l'échiquier politique. Il ressort que plus de 50% des hommes s’auto-proclamant viandards ou très viandards aurait une sensibilité de droite ou d’extrême-droite.
Parmi l’échantillon d’hommes interrogés, 41% sont peu soucieux de leur consommation de viande, dont 54% de partisans du Rassemblement National et 53% de partisans de Reconquête : «À peine 1% des hommes se dit végéta(r/l)ien –, modérer sa consommation de viande apparaît comme un réflexe très marginal en dehors de la frange la plus écolo-progressiste de la gent masculine», a observé François Kraus, directeur du pôle actualités et politique de l’IFOP.
Revendiquer son goût pour la viande pour rejeter le «politiquement correct alimentaire» ?
14% des hommes sondés ont déclaré consommer de la viande, avec précaution. Parmi eux, on retrouve 59% d’électeurs de gauche ou du centre (18% pour les partisans de Jean-Luc Mélenchon, 27% pour ceux de Yannick Jadot et 14% pour ceux d’Emmanuel Macron).
Du côté de l’aile droite, seuls 22% se reconnaissent dans l’affirmation : «Vous mangez de la viande…mais vous essayez d’en manger le moins possible».
Parmi eux, on compte 11% de sympathisants de Valérie Pécresse, 10% de partisans de Marine Le Pen, et 5% de soutiens d’Eric Zemmour : «Pour les hommes influencés par des discours identitaires valorisant ce symbole par excellence de force et de puissance, revendiquer son goût pour la viande peut être interprété comme une forme de rejet d’un “politiquement correct alimentaire”», a déclaré François Klaus.
Selon l’analyse de ce dernier, cette consommation serait une manière de contester la remise en cause de «la “tradition viandarde” de leur territoire», et «la “virilité” des hommes attachés à un patrimoine culinaire très carné».