La France a rapatrié mardi 16 mères et 35 enfants détenus dans des camps de prisonniers jihadistes en Syrie. Si les femmes seront présentées à la justice et risquent la prison, les mineurs vont être pris en charge par les services sociaux.
Après avoir connu l'horreur de la guerre en Syrie puis la détention dans le camp syrien de Roj, 35 enfants français ont atterri à Villacoublay (Yvelines) ce mardi matin. Avant de retrouver une vie «normale» en France, plusieurs étapes de réinsertion les attendent.
A leur arrivée sur le territoire national, les mineurs ont dû subir une batterie de tests pour évaluer leur état physique et psychologique. Un suivi qui sera prolongé pendant plusieurs mois.
Confiés à l'Aide sociale à l'enfance des Yvelines, les enfants vont être logés dans un premier temps dans un centre des Mureaux.
Familles d'accueil ou villages d'enfants
Les services sociaux vont ensuite rapprocher les mineurs d'un territoire où ils ont de la famille. «Sur les 35 mineurs, huit vont rester dans les Yvelines. Les autres ont vocation à repartir dans d'autres départements», a expliqué auprès de l'AFP Sandra Lavantureux, directrice générale adjointe Enfance, famille et santé des Yvelines. Les enfants seront placés dans des familles d'accueil ou des «villages d'enfants» encadrés par des professionnels.
En parallèle, des mesures judiciaires d'investigation éducatives (MJIE) seront lancées. La protection judiciaire de la jeunesse - dépendante du ministère de la Justice - cherche ainsi à comprendre l'histoire de la famille, notamment l'engagement idéologique des parents et des proches, afin de déterminer qui pourrait assurer la garde du mineur.
Les services sociaux devront aussi maintenir et surveiller les liens avec le parent resté en Syrie ou incarcéré en France. Il s'agit notamment d'accompagner l'enfant au parloir en prison.
161 enfants rappatriés depuis 2016
Les 35 enfants arrivés en France mardi s'ajoutent aux 126 enfants rapatriés depuis 2016. Il reste encore une centaine de femmes et près de 250 enfants français dans des camps de prisonniers jihadistes en Syrie.
Ce rapatriement massif signe la fin de la politique du «cas par cas» jusqu'ici prônée par la France. Une doctrine déjà abandonnée par la plupart des autres pays européens.
La Belgique a ainsi exfiltré le mois dernier 16 enfants et 6 mères du camp syrien de Al-Hol, près d'un an après une opération qui avait permis de rapatrier 10 mineurs et 6 femmes majeures. L'Allemagne a elle aussi mené plusieurs rapatriements d'ampleur, rapporte France inter. Selon les autorités du pays, la majorité des enfants allemands du camp syrien de Roj ont ainsi été rapatriés.