Tous les Franciliens ne sont pas égaux face au temps qu'ils mettent pour se rendre au travail. Plus un salarié est jeune, non-cadre et sans enfant, plus il aura tendance à s'installer près de son travail, selon une étude de l'INSEE dévoilée ce jeudi 28 avril.
Les Franciliens mettent en moyenne 39 minutes pour se rendre sur leur lieu de travail, contre 21 minutes en province. Un différentiel qui s'explique selon l'INSEE par le fait que les emplois en Ile-de-France sont particulièrement centrés «au cœur de la région», là où ils sont plus diffus dans les autres régions.
le trajet domicile-travail varie avec l’âge et le statut
Autre observation : l’éloignement du lieu de travail varie avec l’âge et le statut familial. «Un jeune actif sans enfant sera généralement plus proche de son lieu de travail, avant de s’éloigner lorsque son ménage s’agrandit», explique l'INSEE, qui souligne que d'autres paramètres peuvent entrer en compte, comme le sexe, la catégorie sociale et le diplôme.
Les hommes parcourent par exemple une distance plus longue que les femmes, «avec médiane de 12,4 km pour les hommes contre 8,5 km pour les femmes». Le statut d’occupation du logement rentre également en compte, puisque les propriétaires – qui ont tendance à s'éloigner du centre de la région pour trouver des logements plus grands et plus abordables – ont davantage de trajet que les locataires (14,4 km contre 7,7 km).
La catégorie sociale, le niveau de diplôme et le domaine d’activité sont également corrélés à la distance parcourue entre le domicile et le travail. Celle-ci est en effet «supérieure pour les cadres et les ouvriers comparativement aux employés (avec des distances médianes 11,5 km et 12,2 km contre 8,3 km), ou pour les actifs de l’industrie et de la construction par rapport à ceux de l’administration (respectivement 15 km et 13,3 km contre 7,2 km).
les emplois des secteurs en forte tension concernés
Par ailleurs, ces trajets domicile-travail sont également plus élevés lorsque les actifs occupent ce que l'INSEE appelle «des emplois en forte tension», présentant des difficultés de recrutement. Parmi eux, l'Insitut national de la statistique cite par exemple les «dessinateurs en électricité et en électronique», les «techniciens en mécanique et travail des métaux» et «ingénieurs du bâtiment et des travaux publics, chefs de chantier et conducteurs de travaux».
De fait, plus la tension sur le marché du travail augmente, plus les distances entre le domicile et le travail sont élevées. Selon l'INSEE, «entre les actifs qui occupent des emplois faiblement en tension et ceux qui occupent des emplois très en tension, le trajet médian passe de 6 à 13 km, le temps de trajet de 21 à 39 minutes et la part de ceux qui travaillent en dehors de la zone d’emploi dans laquelle ils vivent passe de 25 % à 38 %».
Une tendance particulièrement marquée dans six des quinze zones d’emploi franciliennes : Paris, Versailles-Saint- Quentin, Évry, Saclay, Seine-Yvelinoise et Etampes, qui correspondent «aux zones d’emploi avec la plus forte concentration de fonctions métropolitaines (conception-recherche, commerce interentreprises, culture-loisirs, gestion, prestations intellectuelles)».
Attention néanmoins, l'INSEE assure que «la relation entre tension et distance parcourue ne signifie pas que les métiers en forte tension obligent les employeurs à élargir la zone de recrutement», mais bien que ces emplois sont généralement pourvus par des salariés plus âgés, cadres et en couple.