Anne Hidalgo espérait relancer son parti mais la réussite n’est pas au rendez-vous. Avec seulement 1,75% des suffrages exprimés en sa faveur lors de ce premier tour de la présidentielle 2022, la candidate du Parti socialiste fait moins bien que son prédécesseur en 2017. Se pose alors une question : quel avenir pour le PS ?
Si le Parti socialiste est au plus bas niveau de son histoire, sa chute a débuté dès 2017, lorsque François Hollande a pris la décision de ne pas se représenter. Pour Emmanuel Négrier, docteur en Science Politique et directeur de recherches au CNRS, cette absence de candidature du président sortant a créé «un appel d’air avec des déperditions de voix qui auraient normalement dû se reporter sur le candidat sortant», et ce malgré un bilan critiqué aussi bien à gauche qu’à droite.
«Le maintien de la logique majoritaire d’un PS de gouvernement ne s’est pas produit», poursuit le spécialiste, qui voit une seconde raison à l’effondrement du Parti socialiste : celle de l’absence de leadership au sein de la formation politique de gauche.
Il manquait donc pour cette présidentielle 2022 «un candidat, en l’occurrence une candidate, Anne Hidalgo», ayant la capacité de «peser sur le parti et de l’entraîner dans sa campagne.»
Le Parti socialiste a «un comportement d’enfant gâté»
Outre le désistement de François Hollande, qui a largement desservi Benoît Hamon et soutenu Emmanuel Macron en 2017, le Parti socialiste s’enferme dans un «comportement d’enfant gâté», selon Emmanuel Négrier. C’est-à-dire que la gauche socialiste se satisfait, «sans le dire», de la situation politique dans laquelle elle se trouve actuellement.
En effet, si le PS connaît de fortes déconvenues au niveau national, à l’échelle locale le parti de François Mitterrand est encore bien présent.
«Le PS sait se maintenir dans des collectivités locales, être quasiment majoritaire dans les régions, presque dans les départements et beaucoup dans les grandes villes», analyse Emmanuel Négrier, qui estime que «finalement avoir le statut de grand opposant à l’échelle nationale et de gouvernant à l’échelle locale, ce n’est pas si idiot du point de vue du confort du parti».
Cependant cette situation n’est pas viable sur le long terme. «Cette stratégie finit par prendre l’eau et il finit par y avoir une perte de capacité à rivaliser avec la droite et l’extrême droite», explique le docteur Science Politique.
Le besoin d’un programme plus inédit pour rebondir
Cependant, le Parti socialiste autrefois leader de la gauche peine maintenant à rivaliser face aux partis appartenant à sa sensibilité politique. Ainsi, pour pouvoir espérer se relancer, il doit évoluer. Si le changement de nom évoqué après l’échec de 2017 n’est pas la solution adéquate pour pouvoir espérer séduire à nouveau les électeurs, le PS doit se forger un nouveau programme plus différent de celui des autres partis de gauche.
Emmanuel Négrier explique que malgré la «ribambelle de candidats de gauche», ces derniers «naviguent à peu près tous autour de la même philosophie d’action». «Entre tous ces candidats, je ne note pas les oppositions quasi religieuses qui existaient entre les communistes et les socialistes des années 60», poursuit-il.
Si le Parti socialiste ne prend pas l’initiative d’une nouvelle doctrine plus inédite et plus différente des autres partis de gauche, il devra songer à l’union pour se relancer auprès des électeurs.
En effet, le PS qui ne «peut plus prétendre être en situation hégémonique à gauche», a souffert de la montée en puissance de la France Insoumise. Le parti de Jean-Luc Mélenchon connaît la dynamique inverse à celle du parti d’Anne Hidalgo, puisqu’il ne réussit pas à s’imposer lors des élections locales mais enregistre des scores élevés lors des scrutins nationaux.
Une union pourrait donc être une solution viable pour le Parti socialiste. Ce fut déjà la solution choisie en 1965, lorsque communistes et socialistes, alors très opposés sur le plan doctrinal, ont présenté un candidat unique, François Mitterrand, pour contrer, sans succès, le général de Gaulle.
L'union interne est également de mise mais n'est pas pour le moment très visible. Après de nombreux départs vers le camp d'Emmanuel Macron en 2017, l'élection présidentielle 2022 a été marquée par la création de la «Fédération progressiste» sous l'impulsion du maire socialiste de Dijon, François Rebsamen. La formation a pour objectif de peser dans la future majorité présidentielle d'Emmanuel Macron, si ce dernier est réélu.
«Les partis politiques sont des organes vivants, ils sont appelés à naître, à évoluer et peut-être à disparaître», conclut Emmanuel Négrier. Ainsi, deux solutions s’offrent à ce Parti socialiste en déroute, l’évolution ou la disparition.