La Haute autorité de santé a donné son feu vert à la vaccination des 5-11 ans contre le covid-19. Sans pour autant la rendre obligatoire. Faut-il donc vacciner tous les enfants ? Au sein de la communauté scientifique et auprès de la population, la question divise.
En toile de fond de cette question, le taux de contamination des plus jeunes, qui, depuis la rentrée scolaire, ne cesse d’augmenter de façon alarmante.
Selon les données de Santé Publique France, rien qu’en novembre, le taux d’incidence chez les 0-9 ans est ainsi passé en moyenne de 55,6 cas pour 100.000 habitants à 496,2 à la fin du mois.
Dans ce contexte, à depuis le 15 décembre, les enfants dits «à risque», entre 5 et 11 ans, peuvent recevoir leur première injection.
L’ouverture de la vaccination à tous les enfants pourrait quant à elle démarrer en janvier, a indiqué Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement.
Mais qu'en disent les spécialistes ? Alors que les cas augmentent fortement chez les plus jeunes, l’épidémiologiste et professeur de santé publique à la faculté de médecine de Genève Antoine Flahault a estimé auprès de CNEWS qu'une vaccination généralisée pourrait notamment protéger les enfants contre les Covid longs. «L’immense majorité des enfants n’ont pas de facteur de risques. Mais, ils peuvent néanmoins être durement atteints par le Covid», a-t-il expliqué.
Selon un rapport du Centre européen de Prévention et de Contrôle des Maladies (ECDC), publié le 1er décembre, «78% des enfants hospitalisés ne présentait aucun facteur de comorbidité». Cependant, «5% des enfants ont été transférés en soins intensifs, et 1% de ces enfants sont décédés».
À l’opposé, l’épidémiologiste Martin Blachier, considère, lui, «qu’il n’y a pas de raison de vacciner les enfants». Selon lui, «ils n'en ont pas besoin» car «le risque est quasiment inexistant».
Une transmission qui divise
Estimant que les enfants «ne sont pas le moteur de cette épidémie», Martin Blachier, opposé à cette vaccination, a tenu à rappeler que le vaccin «n’empêchera pas le virus de circuler».
Un avis qui n’est pas partagé par Antoine Flahault. En effet, le professeur en santé publique s’est appuyé sur le rapport de l’ECDC.
Ce dernier indique que la vaccination des enfants réduit le R0, soit le taux de reproduction du virus, de 10 à 15%. «En vaccinant les enfants, nous diminuons la force de transmissibilité du virus, presque au même niveau que le port du masque», a insisté le spécialiste.
Un bénéfice pour les écoles ?
Alors que de plus en plus de classes ferment, en raison de la propagation du virus, Antoine Flahault voit en la vaccination une «protection» pour les enfants, mais également un moyen de «diminuer le nombre de fermetures» et logiquement d'«améliorer la scolarité des plus petits».
Mais pour Martin Blachier, cette campagne de vaccination «ne servirait à rien». La raison ? «Le temps de vacciner les enfants, cette cinquième vague sera terminée».
Pour lui, «toute décision qui consisterait à inciter les parents à le faire, serait injustifiée et même dommageable par rapport à la santé mentale des parents, des enfants» et même «de la paix civile». Dans ces conditions et plus que jamais, ce serait donc vraisemblablement encore le pouvoir politique qui pourrait être amené à trancher.