Sans être, pour l'heure, officiellement candidat à l'élection présidentielle de 2022, Emmanuel Macron se projette déjà au-delà. Ce mardi 12 octobre, le chef de l'Etat doit présenter «France 2030», un plan d'investissement de plusieurs dizaines de milliards d'euros dont la vocation est de préparer le pays «aux succès économiques des vingt ou trente prochaines années», selon Bruno Le Maire, ministre de l'Economie.
Au mois de juillet, le président de la République évoquait déjà ce projet retardé par la crise du Covid-19. Il décrivait alors un plan censé «faire émerger dans notre pays et en Europe les champions de demain qui, dans les domaines du numérique, de l'industrie verte, des biotechnologies ou encore dans l'agriculture, dessineront notre avenir».
Le secteur de l'hydrogène, déjà en bonne place dans le plan de relance de 100 milliards d'euros mis en place l'an dernier, est notamment cité, de même que celui des semi-conducteurs, victime d'importantes pénuries au niveau mondial, ou encore de l'intelligence artificielle et de l'avion bas carbone. Globalement, l'accompagnement de la transition écologique est affiché comme un élément clé de «France 2030».
Dans ce contexte de flambée des prix de l'énergie, le nucléaire devrait également faire partie de ce plan. Vendredi 8 octobre, le délégué général de LREM, Stanislas Guerini, a évoqué l'intention du gouvernement d'«investir dans l'outil nucléaire» et dans «les énergies renouvelables en même temps». Selon lui, «cela peut passer par la construction de nouvelles centrales», notamment «des modèles plus petits (SMR), plus rapides». Sans pour autant abandonner le développement des EPR.
Emmanuel Macron avait évoqué son souhait de réconcilier la «France des start-up» avec celle de l'industrie. Le chef d'Etat estime que c'est l'une des clés pour «retrouver le chemin de l'indépendance française et européenne», au moment où la crise souligne une forte dépendance du pays à l'égard de l'Asie pour de nombreux produits et composants essentiels.
Eviter le «déclassement» économique
L'enjeu est donc, selon Bruno Le Maire, «d'augmenter la productivité de la France» et de «réindustrialiser le pays» afin de «reprendre des parts de marché à l'exportation». En parallèle, pour éviter le «déclassement» économique de la France derrière la Chine et les Etats-Unis, un volet «compétences et métiers» est également prévu afin d'assurer la transmission des savoirs et l'engagement des jeunes.
Ce mardi, Emmanuel Macron doit notamment présenter «un chiffrage clair, précis et daté dans le temps» du montant alloué à «France 2030». Les premières estimations font état d'une enveloppe d'une trentaine de milliards d'euros, sur cinq ans. Un budget qui devrait faire réagir du côté de l'opposition qui s'est déjà montrée critique face à un endettement record, à six mois de la présidentielle.
A droite notamment, Xavier Bertrand a accusé Emmanuel Macron de faire «campagne avec le chéquier de la France», quand Valérie Pécresse lui reproche de «cramer la caisse». Chargé d'évaluer la crédibilité budgétaire du gouvernement, le Haut conseil des finances publiques, a, de son côté, regretté que ce plan d'investissement ne soit pas intégré au projet de budget pour 2022, même s'il devrait l'être par amendement, lors du débat parlementaire sur le texte.
«C'est le moment d'investir», a rétorqué Bruno Le Maire, en réponse aux doutes et détracteurs. Le ministre de l'Economie a expliqué que les taux d'intérêt, bas à l'heure actuelle, permettaient un endettement à moindre coût. Aussi, ces dernières semaines, le gouvernement a multiplié les réunions, rencontres et «consultations» de différents secteurs économiques, élus et partenaires sociaux dans un seul et même objectif : finaliser «France 2030».