Un cocorico pour l'économie tricolore. La France a conservé en 2020 son statut de pays d'Europe le plus attractif pour les investisseurs étrangers, acquis en 2019, selon le dernier baromètre du cabinet de conseil EY, dévoilé ce lundi.
L'an dernier, 985 projets d'investissements étrangers, c'est-à-dire d'implantation ou d'extension de sites industriels, ont été annoncés en France, contre 975 au Royaume-Uni et 930 en Allemagne, qui complètent le podium.
Si Paris reste leader de ce classement, notre pays a davantage subi le contrecoup de la pandémie de coronavirus que ses voisins. Entre 2019 et 2020, le nombre d'investissements étrangers y a chuté de 18 %, contre 12 % au Royaume-Uni et 4 % en Allemagne. «La réduction de voilure est importante car la France accueille beaucoup d'équipementiers, de sous-traitants, de prestataires de services dans les industries automobile, aéronautique et touristique, qui ont été particulièrement touchées par la crise du Covid-19», explique à CNEWS Marc Lhermitte, associé chez EY.
Des mesures de soutien et un plan de relance applaudis
La gestion sanitaire ou économique de la pandémie n'est donc pas en cause, souligne le responsable du programme attractivité chez EY. Au contraire même, puisque 44 % des 200 dirigeants internationaux interrogés par le cabinet d'audit et de conseil jugent que le plan de relance français de 100 milliards d'euros, ainsi que les mesures de soutien à l'économie durant la pandémie de Covid-19, ont été plus performants que ce qui s'est fait dans les autres pays (contre 10 % qui estiment qu'ils ont été moins performants).
La place de numéro un de la France dans le cœur des investisseurs étrangers peut paraître surprenante aux yeux de certains observateurs français, qui ne cessent de critiquer notre manque de compétitivité face au rival et partenaire allemand, ou qui imaginent notre image écornée par le climat social tendu (comme en témoignent ces dernières années la crise des gilets jaunes ou les manifestations contre la réforme des retraites).
Elle s'explique par les sérieux atouts dont dispose notre pays, note Marc Lhermitte, qui en cite trois majeurs : le fait que la France soit «la deuxième économie européenne, qui est elle-même la première économie mondiale», «le niveau et la variété des compétences» et «l'innovation technologique», auxquels s'ajoutent selon lui «les efforts menés depuis quatre à cinq ans pour améliorer la compétitivité sur les plans fiscal et social».
Pas de retour à la normale à imaginer dans l'immédiat
Si, on l'a dit, l'automobile et l'aéronautique ont plongé en matière d'investissements étrangers en 2020, d'autres secteurs, au contraire, ont bien résisté, voire se sont développés en 2020, malgré la crise du coronavirus. Il s'agit principalement des industries de la santé (pharmacie et équipements médicaux) et des activités tirées par le boom du commerce en ligne (habillement, ameublement...). Quant à la répartition géographique des investissements, elle ne bouge pas : l'Ile-de-France, l'Auvergne-Rhône-Alpes et les Hauts-de-France restant au sommet.
Si la France «résiste dans la crise et a plutôt gardé la confiance des investisseurs», résume Marc Lhermitte, il ne faut pas s'attendre à ce que tout rentre rapidement dans l'ordre. «Ce Covid économique va être un peu long», souligne-t-il. Sept dirigeants sur dix interrogés par EY ne prévoient pas un retour à la normale en matière d'investissements avant 2022, et même avant le second semestre 2022 pour un tiers d'entre eux. Les prochains mois seront donc décisifs pour montrer que la France reste «ouverte au business», selon Marc Lhermitte. Après la compétition de la relance, place à la compétition de la sortie de crise.