Les policiers du Service des compagnies centrales de circulation (SCCC) de Paris se sont réunis ce mardi 28 septembre dans le 14e arrondissement, devant les locaux de la médecine statutaire de la police. Ensemble, ils sont venus soutenir 23 de leurs collègues, convoqués après avoir déposé un arrêt de travail.
«Souffrance, dénigrement, burn-out, mises en danger des effectifs… Au Service central de la circulation de Paris, quasi tous les policiers sont en arrêt maladie», a ainsi dénoncé Linda Kebbab, la déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police FO, alors que plus de 150 policiers de ce service sont en arrêt maladie depuis la semaine dernière. Un «désastre» mais surtout un «scandale», selon elle, que tenterait de cacher la Préfecture de police de Paris (PP).
En réponse au burn-out de 150 policiers de la Circulation de la Préfecture de Police de Paris, leur direction a missionné le médecin de la police pour leur mettre la pression et faire invalider les arrêts maladie. Illégalité et mise en danger à la DOPC. https://t.co/xHB2RkHeBV https://t.co/tlgifRr4GM
— Linda Kebbab (@LindaKebbab) September 27, 2021
Pour la PP, ces 23 convocations n'avaient pourtant rien d'exceptionnel et étaient réalisées dans la mesure où «l’administration en a le droit et le pratique habituellement» pour contrôler le bien-fondé des arrêts maladies. Mais pour Linda Kebbab, pas de doute, il s'agit d'«un travail de sape méticuleux de la vie de famille et de l’équilibre psychiques des collègues».
Dégradation des conditions de travail...
Peu connu du grand public et considéré comme peu prestigieux en interne, le SCCC est pourtant essentiel à Paris, puisqu'il est notamment chargé d'assurer la fluidification de la circulation routière, de procéder aux opérations de sécurité routière dans Paris intra-muros mais aussi d'accompagner les convois officiels et les déplacements ministériels et surtout d'encadrer toutes les manifestations organisées dans les rues de Paris.
Depuis la crise des gilets jaunes, les fonctionnaires du service dénoncent une dégradation de leurs conditions de travail : horaires décalés, astreintes, permanences le week-end... Beaucoup font part de leur état de détresse psychologique et morale, alors que leurs horaires sont sans cesse modifiés, que leur vie privée n'est plus respectée, avec seulement un week-end de repos toutes les 6 semaines. Et ce, alors que le nombre de missions a augmenté.
...sur fond de manque d'effectifs
Une situation qui découle, selon eux, d'un manque criant d'effectifs «qui ont fondu comme neige au soleil» : s'ils étaient jusqu'à 650 policiers il y a 5 ans à peine, ils ne sont aujourd'hui plus que 300, comme le dénonce Rocco Contento, le porte-parole du syndicat Unité SGP Police FO en Île-de-France, depuis plusieurs mois.
«La cordée craque puisque malheureusement vous avez des missions qui viennent s'agréger en plus pour tous ces collègues qui n'ont plus de week-end, qui n'ont plus de pause et qui sont contraints de travailler tout seuls», explique-t-il, déplorant également «l'immobilisme du directeur de la Direction de l'ordre public qui ne fait rien» malgré les alertes. «Un malaise intenable pour tous mes collègues», témoigne le policier syndicaliste.
Selon nos informations, les représentants syndicaux seraient en passe d'obtenir satisfaction sur la réforme des cycles horaires, en voie de finalisation. Une réforme rendue obligatoire par le droit européen.