S'il reste difficile à quantifier, le phénomène prendrait de l'ampleur. Après avoir payé parfois jusqu'à plusieurs centaines d'euros dans le but d'obtenir un pass sanitaire tout en passant entre les mailles de la vaccination, des personnes non vaccinées souhaitent à présent recevoir leur dose.
Problème : elles sont déjà enregistrées comme vaccinées auprès de l’Assurance maladie.
La raison qui explique ce soudain revirement est le fait que certains acheteurs, pris de panique, craignent à présent des sanctions pécuniaires ou pénales qui peuvent être très lourdes. En effet, en cas «d’utilisation frauduleuse» de ces données sanitaires, l'amende s'élève à 135 euros à la première infraction, puis 1.500 euros en cas de récidive dans les quinze jours.
Au troisième manquement, constaté dans les trente jours, les fraudeurs encourent six mois d'emprisonnement et 3.750 euros d'amende. Plus convaincant encore pour inciter à rester dans les clous, «dans certaines circonstances», présenter un faux pass sanitaire peut être qualifié «d’escroquerie par usage de fausse qualité de vacciné» rappelle cet article de Yahoo actualités. Dans ce cas, la peine encourue est de cinq ans de prison et 375.000 euros d’amende.
Des patients dans l'embarras
D'autres fraudeurs, confrontés à la contamination d’un proche au Covid-19, regrettent aussi leur choix. C’est ce qu'a constaté notamment le docteur Christian Lehmann, médecin dans les Hauts-de-Seine, en recevant plusieurs messages en ce sens sur Twitter. «Un de leurs proches tombe gravement malade, et alors ils réalisent qu’ils ne peuvent plus se faire vacciner pour de vrai», se désole-t-il ainsi dans les colonnes de Libération, journal dans lequel il tient une chronique régulière.
Et pour cause, grâce à différentes techniques illicites - rendez-vous de vaccination au cours duquel aucune injection n’est faite grâce, par exemple, grâce à un professionnel de santé complice, ou parce que le compte AMELI d’un médecin a été piraté pour générer de faux QR code, ces personnes se retrouvent comme étant enregistrées et vaccinées et elles ne peuvent en théorie plus faire marche arrière.
Pas encore de réelles solutions
Pour Christian Lehmann, la solution pour permettre aux repentis de se faire vacciner, serait de dénoncer aux autorités la filière qui leur a fourni un faux pass. Le médecin observe, par ailleurs, que «depuis quelques temps on peut annuler le cycle vaccinal, un dispositif prévu en cas d’erreur de saisie» a en effet été introduit.
L’Assurance maladie a, quant à elle, déclaré à Libération être «en train de réfléchir à une solution pour nettoyer les faux QR code de notre base de données, tout en laissant la possibilité à ceux qui le souhaitent de se faire vraiment vacciner».