Les Français étaient appelés à voter, ce dimanche 27 juin, pour le second tour des élections régionales. Comme il y a une semaine, l’abstention a été immense, mais d’autres faits marquants sont à retenir de ce scrutin, comme le décrypte pour CNEWS Bruno Jeanbart, vice-président d’OpinionWay.
Est-ce que, comme au premier tour, le premier résultat à retenir est celui de l’abstention ?
Oui, c’est effectivement l’abstention (65%). Elle confirme celle du premier tour (66,1%). Il n’y a pas eu de remobilisation des électeurs, probablement pour plusieurs de raisons : le désintérêt, mais aussi des résultats qui ont été moins serrés qu’attendus au premier tour, et qui n’ont pas donné envie aux gens de participer parce qu’ils avaient le sentiment, dans beaucoup de régions, que le résultat final était déjà fait.
Souvent, on observe un regain de participation entre les deux tours, que l’on n’a pas eu ici. Même en région Paca (Provence-Alpes-Côte-d’Azur), il y avait encore un peu de suspense, mais ça n’était pas suffisant pour faire en sorte qu’il y ait beaucoup plus de participation.
Qui ressort gagnant de ces régionales ?
Très clairement, ce sont les présidents de région sortants. Ils sont tous réélus. Dans un deuxième temps, c’est la droite, puisqu’elle conserve sept régions, qui lui permettent de couvrir environ 70% des électeurs. Les deux régions les plus disputées, en Paca et Pays de la Loire, étaient tenues par la droite, et elle l’a emporté. Il y a aussi une partie de la gauche, notamment dans l’ouest du pays, qui va sortir plutôt bien de ce scrutin. C’est un peu la revanche des vieux partis dans ces élections, même si la faible participation limite les interprétations nationales que l’on doit avoir.
Du côté des perdants, qui peut-on citer ?
Il y a deux grands perdants. D’abord le Rassemblement national, puisque lui pouvait espérer compenser son mauvais premier tour en gagnant la région Paca, ce qui n’est pas le cas, et assez nettement (55,9% pour Renaud Muselier, 44,1% pour Thierry Mariani). Et puis La République en marche (LREM), qui a confirmé ce soir son mauvais premier tour. Dans les régions où elle a pu se maintenir, elle peut même obtenir des scores encore moins bons au second tour qu’au premier.
Comment se sont comportées les listes d’union de la gauche ?
Celles qui se sont unies entre les deux tours ont eu du mal à faire le plein des scores des trois listes initiales (socialistes, insoumises, écologistes). Cela montre que la gauche n’a pas qu’un problème de division. Elle a aussi ce problème de voir son score s’additionner lorsqu’elle se réunit. C’est intéressant de le noter car cela montre que ses différents électorats sont clivés sur le fond, idéologiquement. La fusion ne s’est pas très bien faite dans les régions concernées, il n’y a pas eu de dynamique de gauche.
Est-ce que la présidentielle est lancée à partir de ce soir ? Des conclusions peuvent-elles être tirées avec ces élections régionales ?
Oui, très clairement, la présidentielle est lancée. La première chose qu’on peut en tirer, c’est qu’il y a trois candidats possibles à droite qui ont été bien réélus (Valérie Pécresse, Laurent Wauquiez et Xavier Bertrand) et qui peuvent donc être des prétendants. Celui qui s’est lancé le plus tôt, Xavier Bertrand, a quand même passé le test avec un grand succès. C’est une victoire très nette (52,8%), dans une région où le RN est très fort, où il a éliminé LREM dès le premier tour. Lui sort très renforcé, on verra dans les jours qui viennent si cela a un effet sur ses intentions de vote présidentielle.
On l’a dit, les deux grands perdants sont LREM et le RN, et donc Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Ce second tour confirme que, s’il est possible qu’il y ait un duel entre eux l’an prochain, contrairement à ce que l’on dit, ce n’est pas écrit d’avance.
Retrouvez tous les résultats des élections région par région