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«C’était une bombe émotionnelle» : La jeune montpelliéraine à l’origine de la cagnotte a enfin rencontré «Papy Deliveroo»

Tous les jours, il enfourche sa bécane de 18h à minuit pour Deliveroo. Photo d'illustration. [DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP]

En moins de deux semaines, elle a permis de rassembler plus de 18.000 euros pour soutenir un livreur Deliveroo âgé de 76 ans exerçant dans les rues de Montpellier (Hérault). Lisa est également parvenue à contacter le septuagénaire et à le rencontrer.

«Une femme avait laissé un mot sur la page de la cagnotte en disant qu’elle le voyait tous les soirs à la sortie du boulot, raconte à CNEWS la jeune femme de 28 ans. Je lui ai envoyé un message pour lui dire que si jamais elle le recroisait, de lui donner mon numéro et de lui dire de me téléphoner. Le soir même elle l’a croisé et il m’a appelé deux jours plus tard.»

Durant ce laps de temps, Lisa doute. Elle est «en stress» à l’idée que le livreur ne soit «pas content», qu’il refuse la cagnotte. Le premier contact ne la rassure pas : «Il était stressé pas très content au début».

L'histoire ce vieux monsieur, obligé de travailler pour payer un fauteuil roulant à sa femme, a fait le tour de la presse nationale et même régionale. «C’est tellement sorti de partout (dans les médias) que les gens ont commencé à la reconnaître dans la rue, à l’interpeller, confie la jeune femme. Alors que lui est discret et ne veut pas faire de vague». En effet, lors de l’article du Midi Libre, en 2019, il avait souhaité gardé l’anonymat, notamment pour que ses enfants ne soient pas au courant de sa situation.

Le quotidien du livreur septuagénaire est bouleversé : «ça le gênait dans son travail. Les gens qui commandaient lui en parlaient». Mis au parfum de la création d’une cagnotte par un voisin, il décide d’attendre avant d’en parler à sa femme. Finalement, cette dernière accueille avec joie la nouvelle, ce qui «l’a calmé», confie Lisa. «Elle était hyper contente. Elle a voulu me remercier de vive voix et c’est là qu’on a pu mettre en place une rencontre».

Le fauteuil coûte 47.000 euros 

«On s’est téléphoné deux fois, raconte celle qui est actuellement à la recherche d'un emploi. Je pense que la première fois c’était plus pour savoir à qui il avait à faire. Je pense que ça l’a rassuré. Ensuite, il m’a rappelé et proposé de venir manger chez lui dans les alentours de Montpellier.

Lisa, venue avec son copain, n’est pas près d’oublier cette première rencontre : «c’était une bombe émotionnelle. La femme a pleuré, moi aussi. On a déjeuné et on n’a pas forcément parlé de choses en lien avec la cagnotte, on a fait connaissance. On a évoqué le Covid, l’adaptabilité des transports pour les personnes handicapées, dans les magasins».

Le sujet de la cagnotte est finalement abordé. Le couple accepte l’aide de Lisa et des milliers de contributeurs. «Pour eux, c’est un peu une opportunité unique, explique la jeune femme. Tu touches du doigt le fait de vraiment pouvoir acheter ce fauteuil. Ils sont contents maintenant de voir qu’ils ne sont pas tous seuls. Ils ont compris que c’était une démarche sincère et vraiment pour leur venir en aide».

Le septuagénaire n’a pas rangé le vélo au placard pour autant. «Il continue de travailler car c’est un plus pour les besoins du quotidien et une retraite pour deux ce n’est pas facile», d'après Lisa.

«C’est plus qu’une charité un peu malsaine»

La rencontre a également permis à la Montpelliéraine d’avoir une idée plus précise de l’objectif à atteindre pour la cagnotte : «On a eu le prix du fauteuil, il est à 47.000 euros. C’est énorme !» Dans cette somme, «10.000 euros sont déjà pris en charge, 5.000 par la Sécu et 5.000 par la mutuelle», détaille Lisa.

Pour la suite, le couple reste en contact avec leur bienfaitrice. «Ils sont d’accord pour qu’on continue de diffuser la cagnotte, rapporte la jeune femme. Que je continue de passer par les médias. Si on arrive à se rapprocher au maximum des 37.000 euros. On verra comment ça évolue les prochaines semaines. Une fois que ça aura stagné», il sera alors temps de clôturer la cagnotte. .

Celle qui est devenue la «porte-parole» du livreur de 75 ans a su naturellement le mettre en confiance. «Je pense qu’il est rassuré de voir que ce n’est pas quelqu’un qui est là pour le buzz ou profiter de la situation pour se mettre en lumière et passer dans les médias».

La jeune montpelliéraine y consacre beaucoup d’énergie et de temps. «Mais ça ne me dérange pas, ça me fait plaisir. Et en ce moment, je ne travaille pas, donc j’ai le temps de prendre le temps». Et si sa «famille est très fière» d’elle et qu'elle voit en majorité des messages de soutien, elle a également fait face à quelques «gens suspicieux qui se demandent si je ne tente pas de les arnaquer pour me faire de l’argent. Je peux comprendre cette méfiance mais globalement les gens sont plutôt positifs».

Elle préfère d'ailleurs se concentrer sur ces derniers. «Sur la page de la cagnotte, il y a plein de beaux messages. D’ailleurs il les a déjà lus alors que je m’embêtais à faire des captures d’écran (rires). Je pense que ça a dû le rassurer car les gens sont touchés par son histoire et veulent juste l’aider. Ce sont des soutiens, des encouragements, de l’admiration. C’est plus qu’une charité un peu malsaine. Ça vient de gens avec des gestes qui viennent du cœur. C’est vraiment sincère».

Et après cette rencontre avec Pierre*, elle a «encore plus envie de tout bouger pour qu’on y arrive».

*Prénom modifié

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