Plus nombreux, plus jeunes... En pleine pandémie de coronavirus, le profil des sans-abri sera-t-il différent ? Organisée à Paris dans la soirée, ce jeudi 25 mars, la Nuit de la Solidarité pourrait faire émerger une toute autre réalité cette année.
La question est posée, alors que depuis 2018, la Nuit de la Solidarité organisée à Paris recense le nombre de sans-abri présents dans les rues de la capitale et tente, avec leur autorisation, d'en établir le profil. Chaque année, la grande majorité des personnes interrogées sont des hommes (86 % en 2019 pour 14 % de femmes), la plupart âgés de 25 à 54 ans (71 %).
«Un contexte complètement inédit»
«Ce qui va être intéressant de voir c'est si le contexte complètement inédit de la pandémie amène à une évolution soit du chiffre, soit des profils des personnes» à la rue, s'est d'ailleurs interrogé Vanessa Benoit, le directrice générale du Samu Social de Paris.
Selon elle, même si l'on ignore «s'il y a davantage de gens qui ont perdu leur logement du fait de la pandémie», il est certain qu'«il y a eu un très grand nombre d'ouverture de places en centre d'hébergement depuis un an». Logiquement, si cette année n'avait pas été frappée par la crise sanitaire, on aurait dû «voir moins de personnes à la rue» souligne-t-elle.
Au total, 2.000 bénévoles iront à leur rencontre dans les rues de Paris de 21h à 23h ce soir, leur soumettant – s'ils acceptent – un questionnaire étoffé, portant non plus seulement sur les besoins des sans-abri, leurs parcours et leur recours au 115 mais également sur l'impact de la crise et leur volonté ou non de se faire vacciner.
Vers des dispositifs d'aide ajustés ?
En fonction de leurs réponses, cette opération est censée déboucher sur des ajustements des dispositifs d'aide existants, comme ce fut le cas dans le sillage des éditions précédentes. A titre d'exemple, parce qu'ils étaient «beaucoup trop chargés» et que cela les gênait pour effectuer leurs démarches administratives, la mairie avait travaillé «à un système de bagagerie accessible dans tous les arrondissements», rappelle Léa Filoche.
Pour l'adjointe à la mairie de Paris chargée de la lutte contre l'exclusion, l'autre constatation avait été le nombre de femmes à la rue, environ 12 % pour chacune des éditions. «Or, on n'avait aucun dispositif pour les femmes à Paris donc on a créé des haltes, réservé certains créneaux de nos bains douches et on a agi sur la question de la précarité menstruelle», explique l'élue.
Par contre, la question centrale du logement ne relève pas de la municipalité parisienne mais est une compétence de l'Etat. C'est «à lui de prendre ses responsabilités», soulignent donc en choeur mairie et associations, qui reconnaissent néanmoins l'effort «sans précédent» de l'Etat réalisé depuis un an en faveur des sans-abri.