Le ministère de l’Intérieur a publié jeudi son enquête Cadre de vie et sécurité sur l’état du racisme, de l’antisémitisme et de la xénophobie en France. Le rapport souligne notamment le très faible taux de dépôt de plaintes auprès des forces de l’ordre pour les crimes et délits «à caractère raciste».
Entre 2019 et 2020, le rapport a relevé une baisse de 2% des infractions commises «en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la prétendue race ou la religion». Dans le même laps de temps, les contraventions ont fait un bond de 12%.
Le rapport de la commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) a référencé, en 2020, environ 11 300 infractions «à caractère raciste» enregistrées par les forces de police et la gendarmerie : 5.511 pour les crimes et délits et 5.827 pour les contraventions.
Sur la période 2013-2018, l’enquête démontre également la faible part de victimes qui font le déplacement en gendarmerie ou au commissariat : après avoir été victime d’injures (5%). Le pourcentage est encore plus faible lorsqu'il s'agit du dépôt d'une plainte (2%). Une victime de menaces ou de violences «à caractère raciste» sur quatre (25%) effectue le déplacement auprès des forces de l’ordre mais seulement 14% des victimes déposent une plainte.
1,2 million de victimes d’une atteinte «raciste» en 2018
Autrement dit, une victime de menaces ou violences physiques «racistes» sur six et une victime d’injures «racistes» sur cinquante ont porté plainte durant ce laps de temps.
Des taux très faibles dans une période où on estime que «près de 640.000 personnes par an, âgées de 14 ans ou plus vivant en France métropolitaine, ont subi des injures "à caractère raciste"».
D’après l’enquête Cadre de vie et sécurité, en 2018, «1,2 million de personnes de 14 ans ou plus vivant en France métropolitaine ont été victimes d’au moins une atteinte «à caractère raciste» (injures, menaces, violences ou discriminations), ce qui représente 1 personne sur 45 (2,2 %) dans cette tranche d’âge».
Toujours selon le rapport, Paris présente le plus haut pourcentage de crimes et délits à caractère raciste sur le territoire national. Tous les départements de l’Île-de-France dépassent la moyenne française. Juste derrière la région francilienne, arrive la Provence-Alpes-Côte-D’azur et l’Auvergne-Rhône-Alpes.
Les actes «à caractère raciste» se «caractérisent par une fréquence importante de faits commis par des groupes, dans les espaces publics ou ouverts au public, ou liés à des querelles de voisinage», a précisé le rapport. Selon lui, «les immigrés et les descendants d’immigrés sont particulièrement exposés à ce type d’atteintes».
L’enquête conclut qu’«être en emploi ou être retraité, ne pas avoir de lien avec la migration et être plus âgé réduit les risques d’être victime de discrimination "raciste"».