La crise sanitaire s’aggrave en Guyane, qui est passée au stade 3 de l’épidémie la semaine dernière. Le gouvernement a décidé d’envoyer sur place une mission de trois professionnels de santé afin de coordonner la crise.
Un officier de liaison du Centre de crise sanitaire ainsi que deux médecins réanimateurs vont travailler avec l’Agence régionale de Santé (ARS) pour freiner l’épidémie. «La situation épidémique en Guyane est jugée très préoccupante par les autorités sanitaires», indique le ministère de la Santé dans un communiqué.
Le virus continue de circuler activement, «en particulier le long du littoral et dans l’ensemble des villes du territoire», précise le ministère. 17 nouveaux cas de coronavirus ont été recensés ces dernières 24 heures dans le département, et 4 patients supplémentaires ont été hospitalisés. Au total, 2458 cas positifs ont été enregistrés, 14 patients sont en services de réanimation, et 8 décès sont à déplorer. Le pic de l'épidémie n'est pourtant attendu que pour la deuxième ou troisième semaine de juillet, selon l'ARS.
Selon les données du ministère de la Santé, le taux de reproduction du virus, ou R0, est supérieur à 2. Cela signifie qu’une personne positive va en moyenne en contaminer deux autres. Or les scientifiques estiment que le R0 doit être inférieur à 1 pour que l’épidémie soit contrôlée. Le ministère ajoute aussi que le taux d’incidence est «très largement supérieur au seuil d’alerte», fixé à 50 tests positifs pour 100.000 habitants.
Résultat, le second tour des élections municipales a été reporté, et le gouvernement souhaite prolonger l’État d’urgence en Guyane et à Mayotte jusqu’au 30 octobre prochain.
Des restrictions dans certaines communes
Dès cette semaine, les autorités envisagent de renforcer les capacités de soin dans le département. Elles ont annoncé le déploiement d’une unité de l’hôpital de campagne de la sécurité civile de 20 lits de médecine générale. Ils permettront de prendre en charge les patients hors-covid et ainsi libérer la place dans les hôpitaux pour les malades du coronavirus. Les évacuations sanitaires vers les Antilles ou vers l’Hexagone vont se poursuivre, et le gouvernement a également prévenu que l'hypothèse d'un reconfinement du département «devra être réexaminée» si l'accélération du virus se poursuit.
Dans certaines villes, des mesures sont également prises par le préfet de Guyane concernant les gestes barrières et les restrictions de circulation. Il a par exemple renforcé le couvre-feu en vigueur à Kourou et Macouria, deux communes du littoral. La circulation y est interdite du lundi au vendredi de 19h à 5h, et samedi à 15h au lundi à 5h, comme à Cayenne, Matoury et Rémire-Montjoly.
#COVID19 #Guyane
@VilleDeKourou et @ville_macouria : Interdiction de circulation étendue. pic.twitter.com/sAV65JiMLe— Préfet de la région Guyane (@Prefet973) June 22, 2020
Ce mardi, la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, est attendue en Guyane pour une visite de 48h. Le comité territoire scientifique de la collectivité territoriale de Guyane (CTG), interrogé par France-Guyane, estime qu’un nouveau confinement «paraît être une évidence», mais attend les propositions de la ministre à l’issue de sa visite. «L’urgence, c’est la réanimation. Il faut conforter ce service», affirme Dr Roger Loupec, membre du comité d’experts, à France-Guyane.
La situation en Guyane est d’autant plus préoccupante qu’elle est frontalière du Brésil, qui a dépassé la barre des 50.000 morts du Covid-19. Dans une interview pour Franceinfo, Clara de Bort, directrice de l’ARS de Guyane, affirme qu’il est difficile d’empêcher les importations de cas. «Nous avons retardé l’arrivée des épidémies et nous ralentissons celle-ci. Mais néanmoins, la pression du géant voisin que nous avons, avec 700 kilomètres de frontières que nous partageons avec lui, est forcément immense», affirme-t-elle.
Avec la prolongation de l’État d’urgence, le gouvernement assure le maintien des aides pour les entreprises et les populations.