Ce lundi 23 mars, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a une nouvelle fois exhorté les Etats de la planète à passer «à l'attaque» en testant tous les cas suspects de coronavirus et à placer en quarantaine, le cas échéant, leurs proches contacts. Or, à ce stade, la France a décidé de ne tester que les cas sévères de la maladie, ce qui suscite des interrogations, voire une certaine polémique.
Beaucoup de Français se demandent en effet pourquoi l'Hexagone ne dépiste pas davantage, contrairement à ce qui se fait dans d'autres pays, en Corée du Sud ou en Allemagne notamment, où des campagnes massives de dépistages ont été menées ou sont toujours en cours.
En France, et a fortiori depuis le passage en phase 3 du plan pandémie par Jérôme Salomon, le directeur général de la Santé, le 14 mars dernier, seuls sont testés les cas sévères de la maladie Covid-19, soit ceux qui entraînent des complications respiratoires graves et potentiellement mortelles.
Une raison logistique et non politique
Résultat : alors qu'outre-Rhin, les Allemands mènent 160.000 tests en moyenne par semaine et qu'en Corée du Sud 20.000 personnes sont prélevées chaque jour, seulement 8.000 Français parviennent à se faire dépister quotidiennement.
De l'aveu même de Jean-François Delfraissy, le président du conseil scientifique, la raison est aujourd'hui avant tout logistique.
«Nous ne possédons pas les capacités de tester à la même échelle que la Corée du Sud», admettait ainsi le scientifique en chef chargé d'orienter les décisions d'Emmanuel Macron dans la crise, il y a encore quelques jours.
une capacité industrielle limitée
Si en France, un décret a certes été pris dès le 7 mars pour autoriser les laboratoires privés à réaliser des tests de dépistage du coronavirus, beaucoup de laboratoires de ville ont été pris au dépourvu en n'ayant tout simplement pas accès aux kits nécessaires aux analyses, dont les cotons-tige à insérer dans le nez du patient ou le réactif du test, tous deux en pénurie à cause de la demande mondiale.
Dans la foulée, sur les réseaux sociaux notamment, l'opinion publique a rapidement suspecté le pouvoir de rechigner à vouloir dépister en masse pour des raisons économiques, le test du coronavirus coûtant 54 euros (une somme prise en charge à 70 % par la Sécurité sociale).
Dans les faits, cette raison n'est pourtant pas valable. Contrairement à la Corée du Sud, qui bénéficie d'une expérience certaine en la matière depuis l'épidémie de Sras en 2003, la France paye surtout un manque de réactivité. Et, contrairement à l'Allemagne, elle a moins la capacité industrielle de produire des tests à grande échelle.
Un dépistage de masse à la fin du confinement
Mais les choses bougent. Samedi 21 mars, lors du point presse quotidien organisé au ministère de la Santé, à Paris, Olivier Véran, le ministre des Solidarités et de la Santé a annoncé que la France allait «évoluer rapidement sur sa stratégie de dépistage» du Covid-19.
Le pays va ainsi passer d'un «usage rationnel» des tests à un «dépistage massif» qui interviendra «au moment de lever le confinement».
La veille, Jean-François Delfraissy avait lui aussi préconisé dans La Croix des «tests massifs» en sortie de confinement. Une stratégie qui permettrait de repérer les cas asymptomatiques malgré le confinement et qui passent sous les radars, et qui permettrait surtout d'éviter que l'épidémie ne reparte de plus belle.
Alors que ce mardi 24 mars, le conseil scientifique doit justement se prononcer à la fois sur un plus que probable prolongement du confinement et sur la stratégie française de dépistage du Covid-19, Olivier Véran a déjà indiqué ce lundi que deux tests pourraient être mis en oeuvre.
Il s'agirait d'un premier test rapide, d'une durée de 45 minutes, et le second consistant en une sérologie capable de détecter d'éventuels anticorps produits par l'organisme à partir du moment où il a rencontré le coronavirus.