Recouverts d’un masque du ministre Jean-Yves Le Drian ou se faisant passer pour lui lors d’appels téléphoniques et dans de faux documents, sept hommes sont soupçonnés d’avoir escroqué plus de 50 millions d’euros en 2015 et 2016. Ils seront jugés à partir de ce mardi 4 février.
«Plus c’est gros, plus ça passe». Les accusés auraient donc vérifié la véracité du dicton, en mettant en place une arnaque répétée à plusieurs reprises. En utilisant l’identité du ministre chargé, à l’époque, de la Défense (il est depuis passé aux Affaires étrangères), ils ont contacté de nombreuses personnes susceptibles de débloquer des fonds importants.
Le scénario était de demander de l’argent en urgence pour une opération secrète, en promettant un remboursement de l’Etat français. L’une des victimes est Karim Aga Khan IV, chef spirituel des musulmans chiites ismaéliens. Il procède en 2016 à des virements sur des comptes en Pologne et en Chine, pour 20 millions d’euros. Trois sur cinq seront finalement gelés, mais 7,7 millions d’euros disparaissent dans l’opération.
Quelques temps plus tard, Inan Kirac, une grande fortune turque, est lui contacté pour financer la rançon nécessaire à la libération de deux journalistes otages en Syrie. Résultat, 45 millions d’euros sont subtilisés.
des hélicoptères tigre proposés à la Tunisie
Au total, trois victimes ont été identifiées dans cette affaire, sur 150 cibles approchées (dont le président du Gabon Ali Bongo, l’archevêque de Paris, le Sidaction ou encore le PDG du groupe Lafarge).
Par ailleurs, les escrocs auraient aussi tenté de vendre quatre hélicoptères Tigre à la Tunisie, sans succès. En enfilant un masque du ministre, un costume, en soignant l’arrière-plan pour faire penser à son bureau et en allant même jusqu’à contacter l’Assemblée nationale et un préfet, ils avaient cherché à rendre parfaitement crédible leur plan.
Dès 2015, la justice s’était saisie du dossier, en tentant de remonter la piste de l’argent volé. Un homme, Gilbert Chikli, Franco-israélien de 54 ans et considéré comme l’inventeur de l’arnaque du «faux président» (des arnaqueurs se font passer pour des chefs d’entreprise afin de se faire transférer de l’argent par des collaborateurs), est rapidement soupçonné.
le même mode opératoire sous les traits d'albert II de Monaco ?
En fuite après avoir été condamné par contumace en 2015 à sept ans de prison et un million d’euros d’amende pour escroquerie, il est interpellé en 2017 en Ukraine avec un autre suspect et extradé. Des expertises vocales permettent à l’accusation de les impliquer dans l’affaire.
En parallèle, une nouvelle tentative d’arnaque semble être percée en fouillant dans leurs téléphones. Des listes de personnes à contacter et la photo d’un masque d’Albert II de Monaco y sont retrouvées. Cinq autres hommes sont eux aussi soupçonnés d’avoir joué un rôle, à des degrés divers, dans l’une des deux escroqueries.
Le procès doit durer jusqu’au 12 février.