Une dizaine de familles de femmes et enfants de jihadistes français, retenus dans les camps kurdes en Syrie, ont porté plainte contre Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, pour «omission de porter secours».
Elles lui reprochent de refuser, de manière «pesée, volontaire et intentionnelle», de rapatrier ces femmes et ces enfants alors qu'ils sont «en situation de péril». Les plaintes, qui datent de juillet et septembre, ont été déposées devant la Cour de justice de la République, seule habilitée à juger les actes des membres du gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions.
«Depuis des mois, les Kurdes n'ont de cesse d'exhorter les Etats à prendre leurs responsabilités et à rapatrier leurs ressortissants», expliquent les familles. Or, le gouvernement n’a pour le moment accepté de rapatrier uniquement des enfants et au cas par cas. Dans un contexte de forte hostilité de la part de l’opinion publique, cinq avaient ainsi posé le pied en France au mois de mars, suivis par douze en juin dernier. La plupart étaient orphelins.
«c'est un choix politique de ne pas sauver ces enfants et ces mères»
«Cette politique dite du 'cas par cas' vise avant tout à laisser plus de deux cents enfants et leurs mères exposés à des traitements inhumains et dégradants et à un risque de mort imminent», s'alarment les plaignants. Ils dénoncent des conditions dramatiques dans les camps, en pointant les températures extrêmes (en été et en hiver), le manque d'eau et de vivres, les épidémies de tuberculose ou de choléra, ainsi que l’absence de soins. Le tout dans un «climat d'insécurité» croissant.
L’un des avocats des familles, qui affirme qu’un enfant français de douze ans est mort la semaine dernière à Al-Hol, estime que «c'est un choix politique de ne pas sauver ces enfants et ces mères détenus arbitrairement. (…) A un moment, il faut assumer pénalement ce choix politique». La commission des requêtes de la Cour doit désormais se prononcer sur la recevabilité des plaintes.
Depuis un an, des recours ont été lancés tous azimuts pour tenter de faire rapatrier ces personnes dans l'Hexagone. Au début de l'année, les autorités françaises avaient préparé un plan de rapatriement global des jihadistes et de leurs familles, qui n'a toutefois jamais été mis en œuvre.