Ne pas boire d'alcool pendant le mois de janvier. C'est le défi proposé aux Français par plusieurs associations afin de réflechir à sa consommation d'alcool. Ce «Dry January» («janvier sec») commence dès le 1er. Renaud Bouthier, directeur d'Avenir Santé, une des associations engagées, présente le concept.
Quels sont les bienfaits de l'absence de consommation d'alcool pendant un mois ?
Ils sont très nombreux. L'opération existe depuis 2013 au Royaume-Uni et des études universitaires ont été menées sur les participants. 56% d'entre eux ont perdu du poids. 71% constatent une amélioration de leur sommeil. 67% déclarent aussi avoir vu leur capacité de concentration augmenter. Mais ne pas boire pendant un mois, c'est aussi de l'argent que l'on ne dépense pas. On mesure mal ce que l'alcool coûte, comme le tabac. Le Dry January permet également une réduction de sa consommation d'alcool sur le long terme.
Quel est le but de l'opération ?
Nous avons vis-à-vis de l'alcool un rapport ritualisé. Le sens de ce mois est de s'interroger sur sa consommation. Est-ce que je peux facilement ne pas en boire ? Si c'est vraiment trop dur, est-ce que je n'ai pas une difficulté avec l'alcool ? Cela s'adresse aux Français qui consomment régulièrement sans être dans une forme de dépendance. Toutes les associations engagées ont un objectif commun : celui de faire diminuer la consommation car les conséquences médicales, sociales et financières sont directement liées à la quantité.
Allez c’est parti !
Le #DryJanuary c’est quoi ?
On vous explique tout, vous êtes prêts-es ? #Thread pic.twitter.com/99J6QQ5702— Dry January FRANCE (@fr_dry) November 20, 2019
Y a-t-il une bonne manière de boire de l'alcool ? Une consommation, même minime, semble néfaste pour la santé.
C'est un produit en lui-même dangeureux, à manier avec grande prudence. Il n'y a pas d'évidence à boire de l'alcool.
Cette initiative touche-t-elle particulièrement les jeunes ?
C'est difficile à dire car nous avons peu de recul. Les jeunes entre 18 et 24 ans ont souvent un rapport festif avec l'alcool. Nous n'allons pas changer radicalement ce rapport avec cette opération mais nous souhaitons introduire la notion de réduction de la consommation, voire l'arrêt, le temps d'un mois. Ce sont des notions nouvelles pour eux même si la non-consommation chez les jeunes est bien assimilée dans le cas de la conduite automobile.
Certains professionnels de la filière viticole estiment que cette campagne n'est que la première étape avant l'interdiction totale de la consommation. Qu'en pensez-vous ?
C'est excessif. Nous assumons l'objectif suivant : celui de réduire la consommation d'alcool sur la durée. Mais nous ne sommes ni des militants ni des hygiénistes. Il faut comprendre les acteurs de la filière, car il y a des enjeux économiques derrière. Ils ont leur mot à dire, ils font partie du paysage culturel français. Mais il y a aussi des enjeux sanitaires qui ont des conséquences économiques pour l'Etat français. Nous n'avons toutefois pas vocation à faire le Dry January sur les douze mois de l'année.
Vous n'êtes pas soutenu par Santé publique France et le gouvernement. Pourquoi la France a-t-elle du mal à s'approprier cette expérience ?
Je crois qu'il y a des enjeux économiques, culturels et personnels. Certains ont peut-être l'impression que l'on déshabille la France dans ses traditions. Nous ne les renions pas. Nous avons une approche de bon sens : réflechir à sa consommation. Mais comme pour le tabac, il y a des réticences. Nous sommes dans une logique différente : pour le tabac, nous sommes pour une suppression totale. Pour l'alcool, nous souhaitons une diminution. Il faut le rappeler : l'alcool reste une des premières causes de mortalité, la première chez les jeunes via l'accidentologie. Ce n'est pas tolérable.
Quelle est la différence avec le «Janvier sobre», initiative soutenue par le chef de cabinet du Président de la république ?
Les préconisations de «Janvier sobre» sont celles que devraient suivre les citoyens toute l'année : maximum deux verres par jour ou dix verres par semaine.