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Tout savoir sur la «carte de paiement» pour demandeurs d'asile qui entre en vigueur

Les demandeurs d'asile ne pourront désormais plus retirer d'argent liquide avec cette nouvelle carte. [© ALAIN JOCARD / AFP]

Ni retrait de cash, ni achat sur Internet. Comme annoncé par les autorités au creux de l'été, la carte de «paiement» pour les demandeurs d'asile est entrée en vigueur mardi 5 novembre. Elle vient remplacer une carte qui permettait de retirer de l'argent en espèces.

Pour rappel, le temps que les autorités statuent sur leur requête, les demandeurs d'asile bénéficient aujourd'hui d'une allocation spécifique, l'ADA, qui leur permet d'assurer leurs dépenses quotidiennes. Elle est d'environ 7 euros par jour pour une personne seule, et de 17 euros pour un couple avec deux enfants. Quelque 130.000 personnes en avaient bénéficié en 2018.

Seulement 25 paiements mensuels

Jusqu'ici, les demandeurs d'asile pouvaient retirer, à partir de ce montant alloué, de l'argent liquide avec une carte de retrait, délivrée par l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii).  Ce n'est désormais plus le cas : certes, le montant de l'aide ne change pas, mais cette carte devient uniquement un moyen de paiement. Plus précisément, le demandeur d'asile est dorénavant autorisé à effectuer gratuitement 25 paiements mensuels maximum (au-delà, il est débité de 50 centimes par paiement).

Expérimenté en Guyane, ce changement de dispositif a été pensé, selon le gouvernement, comme un gage de protection. «Il y a une partie des demandeurs d’asile qui sont victimes de la pression de gangs de passeurs organisés pour qu’ils remboursent le 'service' fourni [...] Et nous pensons que la carte de paiement permettra de limiter ces pressions sur les personnes et au contraire, qu’elles pourront utiliser très directement l’allocation pour demandeurs d’asile, c’est-à-dire subvenir à leurs besoins», explique Didier Leschi, directeur général de l'Ofii, à France Info.

Les associations vent debout

Estimant qu'il restreint les droits fondamentaux des demandeurs d'asile, les associations de défense des migrants dénoncent avec force ce nouveau dispositif. Elles y voient une manœuvre du gouvernement pour décourager le recours à cette aide (et décourager les autres immigrés de demander asile en France), ainsi qu'une mesure qui va, en termes de nourriture, de transport et parfois de logement, compliquer la vie quotidienne des étrangers, déjà très précaire.

«C’est une réforme qui a pour objectif de pourrir la vie des gens», déplorait déjà en août le patron de la Fédération des acteurs de la solidarité (Fnars), cité par Ouest France. Il y dénonçait une «entrave à la libre disposition de l’allocation» qui «limite les possibilités d’accès à un mode de vie normal le temps de l’instruction» de la demande d’asile. Un avis partagé par l'association France terre d'asile, qui jugeait le nouveau dispositif «technocratique» et «à rebours des nécessités et de la réalité du terrain».

Pas moins de 80 associations exigent l'annulation pure et simple de cette nouvelle mesure. Même la députée LREM du Bas-Rhin, Martine Wonner, citée par France Info, est plus que sceptique: «Nous ne considérons pas du tout de la même façon que le gouvernement que 100% des demandeurs d'asile soient des fraudeurs en puissance. Il me semble qu'on peut lutter contre des dévoiements d'une autre façon.»

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