Les actions du mouvement iconoclaste Extinction Rebellion (XR) divisent les membres de la gauche française.
«Il faut les réprimer très rapidement», a déclaré Ségolène Royal au micro de France Inter, lundi 7 octobre, en parlant des militants du mouvement Extinction Rebellion qui bloquaient toujours la place du Châtelet ce jeudi.
Anne Hidalgo, la maire de Paris, dit soutenir les manifestants, installés à deux pas de l'Hôtel de Ville, «dès lors que les actions sont non-violentes». Ces prises de paroles contradictoires de la part de deux figures influentes du centre gauche prouvent que le sujet divise dans cette famille politique.
Chez les Insoumis et à Europe-Ecologie les Verts, on se contente de soutenir timidement les actions des militants sur les réseaux sociaux, sans prendre publiquement la parole pour défendre le mouvement. «Les membres d'Extinction Rebellion revendiquent une prise de conscience écologique qui n'est pas un programme politique partisan», explique Louise Roblin, docteure en philosophie politique à l'université Panthéo-Sorbonne. «Ils aspirent à rompre avec le politique partisan, registre d'actions jugé inefficace.»
Partout les citoyens exigent pacifiquement une action déterminée contre l’emballement climatique et dénoncent l’hypocrisie des gouvernements. Au Parlement européen nous défendons l’Etat d’urgence climatique et des investissements massifs ! #XR https://t.co/6KvehVpUxo
— Yannick Jadot (@yjadot) October 8, 2019
Pourtant radicale, l'action d'XR suscite quelques railleries dans les milieux d'extrême gauche. «Il n'est pas étonnant non plus que l'extrême gauche, pétri d'un imaginaire violent, récuse les choix tactiques de désobéissance civile du mouvement», continue Louise Roblin.
Certains reprochent au mouvement, qui souhaite une meilleure prise en compte de l'urgence écologique, leur proximité avec la police. XR contient, dans ces rangs, des militants auto-désignés comme «contact police» et qui ont donc pour but d'établir des liens avec les forces de l'ordre.
À deux doigts d'inventer le Karcher et les brigades anti-tags. https://t.co/fTPF8o9i6J
— Nantes Révoltée (@Nantes_Revoltee) October 9, 2019
La gouvernance horizontale et «holacratique» (basée sur l'intelligence collective) du mouvement brouille un peu plus les pistes selon l'experte : «la ligne d'action ne se définissant pas par un porte-parole ou une structure hiérarchique, le positionnement politique du mouvement n'est pas aisément définissable». La même incromprehension règnait au début du mouvement des gilets jaunes.
Pourtant, XR peut être situé à gauche de l'échiquier politique «parce qu'il s'oppose à la logique marchande». Mais il refuse d'être enfermé dans cette case politique, même si «Roger Hallam, cofondateur d’Extinction Rebellion, s'assume de gauche», décrypte Louise Roblin.
«Nous ne sommes alignés sur aucun parti politique. Nous accueillons des gens qui votent pour tous les types de parti ou aucun», peut-on lire sur la version anglaise de leur site.
Paradoxalement, XR est aussi critiqué pour sa trop grande ouverture (y compris jusqu'à la droite). Tout le monde peut rejoindre XR du moment qu'il adhère à ses principes. L'organisation refuse de se classer à gauche. pic.twitter.com/eSCzPthBEb
— Vincent Glad (@vincentglad) October 8, 2019