La colère des blouses blanches ne faiblit pas. Près de six mois après le lancement d’une grève dans les services d’urgence des hôpitaux du pays, Agnès Buzyn doit dévoiler, ce lundi 9 septembre, un plan d’attaque pour mettre fin à la crise.
Alors que l’on recensait, la veille, 249 hôpitaux publics touchés (sur 474), la ministre de la Santé réunit à son ministère, les principales fédérations hospitalières et syndicats, dont le collectif Inter-Urgences, à l’origine de la contestation.
Mais si elle assurait, ce dimanche encore, «comprendre l’impatience» des médecins, ses mesures vont devoir convaincre des professionnels au bord du burn out.
Un traitement de choc attendu
En dépit de deux séries d’annonces - la première, en juin, avait consisté en l’octroi d’une prime de 100 euros nets, tandis que la deuxième, début septembre, prévoit notamment l’admission directe des patients âgés à l’hôpital ou de nouvelles missions pour les infirmières - les professionnels restent sur la défensive.
Interrogée hier sur France Inter, Agnès Buzyn a donc cette fois promis qu’elle allait «mettre de l’argent» pour «régler le problème». En ce sens, la ministre de la Santé devrait d’abord annoncer un «budget dédié» à la crise et mettre fin à un tabou en rouvrant des lits à l’hôpital.
Urgences : «Je vais mettre de l'argent» pour «régler le problème», a déclaré Agnès Buzynhttps://t.co/eGkMdG1sDf
— CNEWS (@CNEWS) September 8, 2019
Une réouverture qui, si elle devrait se faire sous conditions et dans certaines régions, répondrait toutefois à la revendication première des grévistes qui continuent de réclamer un effort budgétaire conséquent.
Deuxième mesure-phare du projet, la probable fin de la tarification à l’acte ou T2A. Instauré en 2008, ce système veut que chaque examen ou consultation soit facturé. Mais il a engendré des effets pervers en incitant des hôpitaux déjà surchargés à multiplier les actes «inutiles».
Pour la remplacer, le gouvernement pourrait donc mettre en place une rémunération au forfait (en fonction du temps passé) ou instaurer des barèmes selon les pathologies (un tarif pour une grippe, l’autre pour une fracture etc.).
La ministre pourrait également réduire le nombre de praticiens en intérim, ce qui permettrait de dégager des marges de manœuvre dans les services les plus surchargés.
Dans de nombreux petits hôpitaux ruraux, des intérimaires peuvent en effet être payés jusqu’à 2.000 euros par jour - contre 1.500 euros par mois pour un infirmier.
Une dernière mesure-choc pourrait enfin consister en l’annonce d’un numéro de téléphone d’urgence unique commun au SAMU, aux pompiers et à la police.
Un sujet d’achoppement entre le ministère de la Santé, dont dépendent les SAMU départementaux, et l’Intérieur, qui gère la sécurité civile et les forces de l’ordre.
Une colère prête à déborder
Reste que malgré ces nouvelles annonces tant attendues, rien ne dit que la pilule passe, tant le malaise est profond.
Face à la multiplication des agressions et au manque chronique de moyens, le collectif Inter urgences dit «réfléchir à de nouveaux arrêts maladie groupés» cet automne si l’Etat ne répond pas à ses revendications, a prévenu, hier, son président, Hugo Huon, dans le JDD.
Alors que l’organisation tient demain son assemblée générale, un risque que la grogne se propage à l’ensemble des hôpitaux et des Ehpad, n’est pas non plus à exclure.
Une situation très observée par la CGT Santé qui prévoit, mercredi, une journée nationale d’action...