«Mensonges», «dissimulation» : L'opposition a exigé vendredi des explications de l'Elysée, voire d'Emmanuel Macron, et des suites judiciaires à l'encontre d'Alexandre Benalla, soupçonné d'avoir utilisé un passeport diplomatique après sa mise à pied en mai, certains députés de la majorité reconnaissant des «dysfonctionnements».
De quoi embarrasser un peu plus le chef de l'Etat, déjà aux prises avec la crise des «gilets jaunes» et qui doit adresser lundi ses voeux au Français.
Selon Mediapart et Le Monde, M. Benalla continue de voyager avec un passeport diplomatique émis le 24 mai, après sa mise à pied liée aux violences du 1er mai. Il avait pourtant affirmé aux sénateurs, sous serment, avoir laissé ce document dans son bureau de l'Elysée, devant la commission d'enquête du Sénat.
Ce passeport a été «utilisé ces dernières semaines pour entrer dans différents pays africains ainsi qu’en Israël», selon Médiapart qui cite «des sources sécuritaires».
«Nous demandons d'abord des explications à l'Élysée. M. Benalla n'est pas un agent autonome. Qui peut croire cette fable ?» a lancé en premier Gilles Platret, un porte-parole de LR sur RTL, qui souhaite que la «justice soit saisie».
«C'est au président de dire la vérité sur cette affaire c'est très grave. Il y a mensonge et dissimulation (...). Comment est-ce possible que l'Elysée ne le sache pas et le ministère de l'Intérieur ? C'est très inquiétant», renchérit sur LCI Laurence Sailliet, autre porte-parole des Républicains.
«Dire la vérité aux Français»
Le sénateur LR Damien Regnard somme aussi Emmanuel Macron de «dire la vérité aux Français», dans un communiqué. «Il est temps de faire toute la lumière sur cette nouvelle affaire Benalla».
Le ministère des Affaires étrangères a affirmé jeudi avoir réclamé fin juillet la restitution des deux passeports. «A la vue des informations de presse tendant à indiquer que M. Benalla aurait continué à utiliser ces documents, le ministère (...) examine les suites à donner, y compris judiciaires», a dit la porte-parole.
Au Sénat, dominé par l'opposition de droite, la commission d'enquête qui a entendu Alexandre Benalla sur les conditions dans lesquels il a participé à une interpellation musclée le 1er mai, va examiner «tous les éléments parus dans les médias ces jours-ci et relèvera toute contradiction entre ces informations et les éléments recueillis sous serment pendant ces auditions», a déclaré une source proche de la commission à l'AFP.
Une nouvelle audition de Benalla demandée
Au sein de la commission, certains comme le sénateur LR du Rhône François-Noël Buffet, demandent une nouvelle audition d'Alexandre Benalla, estimant qu'il «faut mettre fin à cette simagrée».
Eric Coquerel, député LFI «demande» quant à lui de «rouvrir une commission d’enquête à l’Assemblée nationale sur tous les tenants des affaires Benalla. Ce serait un minimum dans une démocratie normale».
Le numéro un du parti socialiste estime que cette nouvelle affaire pouvait «devenir un danger pour la République», évoquant sur Europe 1 une implication de l'ancien chargé de mission à l'Élysée «dans des affaires de ventes d'armes un peu partout dans le monde».
Pour Rachid Temal, le secrétaire national du PS, Alexandre Benalla «est quelque part le sparadrap de M. Macron» qu'il appelle à «s'expliquer».
«Ça suffit ! Je crois qu'à un moment ou à un autre il faudra qu'(Emmanuel Macron) s'exprime sur le sujet», a aussi estimé Jean-Christophe Lagarde, le chef de file des députés UDI-Agir.
Un «Acte 2» de l'affaire Benalla ?
Sébastien Chenu, porte-parole du Rassemblement national (ex-FN) demande à l'Elysée d'éclaircir «des zones d'ombre». «On n'en sortira pas tant que l'Elysee nous n'aura pas dit la vérité», selon lui.
Un possible «Acte 2» de l'affaire Benalla irrite au sein même des banc de la majorité. Cendra Motin, une députée LREM regrette une «faute» et un «dysfonctionnement grave» des services de l’Élysée. Le député LREM Bruno Questel souhaite lui «une enquête administrative du ministère des Affaires étrangères».
Embarassée, la présidence a elle-même demandé des comptes à l'ancien chargé de mission de l'Elysée, remercié cet été après sa mise en cause dans des violences lors de manifestations du 1er mai. Elle l'a sommé de s'expliquer sur ses «éventuelles missions personnelles et privées» menées «comme consultant», y compris quand il était encore en fonction.