Les foyers modestes ne peuvent plus accéder à la propriété et «décrochent» par rapport au reste de la société, contribuant à les faire glisser dans la pauvreté, s'alarme mercredi l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale.
«Pauvreté et mal-logement sont étroitement liés dans notre pays», souligne cet organisme gouvernemental dans son nouveau rapport annuel qui s'alarme de «la crise persistante du mal-logement» en France.
Intitulé «Mal-logement, mal logés», ce rapport note des «évolutions positives» comme l'augmentation du nombre de logements (+1,1% par an entre 1996 et 2013) et de leur confort, ou le fait qu'un grand nombre de ménages ont accès à la propriété privée.
Mais les foyers les plus modestes en restent exclus, faisant de l'accès à la propriété «un marqueur social» important, souligne-t-il.
4 millions de personnes mal-logées
L'Observatoire rappelle que 4 millions de personnes sont mal-logées et 12,1 millions en situation de fragilité (chiffres du 27e rapport de la Fondation Abbé-Pierre), en soulignant également la hausse des prix des loyers et «l'intensification des disparités territoriales» entre métropoles urbaines et territoires ruraux.
En première ligne face à cette crise, les ménages à bas revenus «connaissent une évolution globale inverse à celle de l'ensemble des ménages.
En 2013, six ménages français sur dix étaient propriétaires, mais les ménages à bas revenus étaient eux «locataires pour les deux tiers», rappelle-t-il.
L'Observatoire décrit un phénomène de «décrochage» des classes populaires, documentant en détail leur condition de vie tout en prenant en compte leur ressenti face à leur mal-logement. Selon lui, on peut «encore parler de crise du logement en France» dans la «deuxième moitié des années 2010».
Selon lui, les plus modestes se concentrent de plus en plus dans les zones urbaines, pourvoyeuses d'emplois, malgré un marché de l'immobilier «sous tension». Et vivent du coup dans «des logements inadaptés» à leur situation.
Les plus touchés par cette crise du mal-logement sont «les familles monoparentales, les étrangers, les familles avec trois enfants ou les couples dont les deux membres sont sans emploi», précise le rapport.
L'institution voit un lien indirect entre mal-logement et transmission de la pauvreté : «En créant des conditions défavorables à la réussite scolaire, le mal-logement contribue indirectement à augmenter le risque de pauvreté à l'âge adulte et peut devenir un canal de transmission intergénérationnelle de la pauvreté».