La Fondation Abbé Pierre présente, mardi 30 janvier, son traditionnel rapport annuel sur le mal-logement en France. Une 23e édition, consacrée en grande partie au problème de la sur-occupation.
Un problème de taille. En France, rappelle la Fondation, ce sont ainsi 8,6 millions de personnes qui sont touchées par le surpeuplement dans leur logement. Parmi elles, 934.000 sont en situation de surpeuplement accentué.
Selon la définition de l'INSEE, «un logement auquel il manque une pièce est en situation de surpeuplement modéré. S'il manque deux pièces ou plus, il est en surpeuplement accentué».
Les précaires en première ligne
Si le problème du surpeuplement dans les logements n'est pas un phénomène nouveau, la Fondation note qu'il s'est accentué ces dernières années.
Et, sans surprise, ce sont les ménages les plus défavorisés qui sont les plus concernés.
Ainsi, après une baisse générale du taux de surpeuplement de 1996 à 2006, la part des ménages à bas revenus vivant dans un logement surpeuplé a augmenté de 1,6 point (alors qu’elle a stagné pour les ménages modestes et diminué de 0,5 point pour les plus aisés).
Dans le détail, le surpeuplement est encore plus marqué chez les ménages vivant en meublés, en hôtels ou en sous-location... Ici, ce sont plus de la moitié des ménages qui sont confrontés à la sur-occupation (52 %), soit près de 352.000 ménages au total.
Le surpeuplement a progressé ici dans des proportions impressionnantes (+ 48 % depuis 2006, et + 77% pour le surpeuplement accentué).
Des conséquences immédiates sur la qualité de vie
Autre constat soulevé par la Fondation, le surpeuplement des logements a des conséquences directes sur chaque aspect de la vie des personnes concernées.
Se nourir, dormir, se reposer, préparer le repas... ces «besoins essentiels» constituent ici un véritable parcours du combattant.
À la fatigue et aux complications quotidiennes s’ajoute une contrainte permanente pour les ménages en surpeuplement : celle de s’organiser, ranger, trier sans cesse, pour que l’espace partagé puisse rester fonctionnel et le plus vivable possible.
Dans un logement surpeuplé, la plupart des moments normalement propices au partage entre parents et enfants deviennent synonymes de stress plutôt que de plaisir partagé.
Enfin, dans les pires cas, les tensions générées par la promiscuité contrainte peuvent parfois dériver vers de la violence, du côté des parents et/ou des enfants, dans les rapports familiaux ou de couple.
Une cicatrice à vie pour les enfants
Plus de 3,2 millions d’enfants mineurs vivent en surpeuplement. Ils représentent 38 % de l’ensemble des personnes confrontées au surpeuplement. Plus de 300 000 d’entre eux sont même confrontés à des situations de surpeuplement accentué.
Promiscuité, bruit, manque d’intimité : les conditions de vie des familles en logement sur-occupé ont inévitablement des conséquences fortes sur les enfants, perceptibles dès le plus jeune âge : problèmes de santé, développement psychomoteur freiné en raison d’un manque d’espace pour se déplacer et apprendre à marcher, développement affectif et difficultés de séparation avec les parents, etc.