Pour les abonnés du service Vélib', le mois de janvier aura laissé le goût de la déception. Celle de ne pas avoir pu profiter des vélos tout neufs, ou de ne pas avoir vu les stations tant espérées fleurir.
Une réalité qu'a bien comprise Catherine Baratti-Elbaz, la présidente du Syndicat Autolib’ Vélib’ Métropole, qui revient – dans une interview – sur la réunion exceptionnelle qui eu lieu ce mercredi avec les élus, membres du bureau du syndicat.
L'objet de cette réunion ? «Faire le point sur le planning de déploiement des Vélib'» lancé depuis plus d'un mois par Smovengo, le repreneur du service. A ce jour, 200 stations ont été installées, dont plus d’une dizaine en dehors de Paris, sur les 1.375 attendues au 31 mars.
Que stipulait le contrat [signé avec Smovengo] ?
C. B.-E : «Nous avons été particulièrement vigilants à faire respecter toutes les clauses du contrat. Celui-ci stipulait que 50 % des stations devaient être installées au 1er janvier, ce qui n'était pas le cas. Le premier constat est la mise en oeuvre des pénalités prévues par le contrat, soit un million d'euros. Second constat ce 1er février, alors que les 50 % ne sont toujours pas atteints. La clause du contrat s'applique donc à nouveau à hauteur d'un million d'euros.»
Qu'en est-il maintenant ?
C. B.-E : «On parle d'un préjudice important pour les usagers. Nous avons donc demandé à l'opérateur de mettre en place des moyens renforcés pour mieux accompagner les usagers. Smovengo fait partie d'un groupement de grandes entreprises françaises comme Indigo, Mobivia... connues pour leur solidité et qui ont clairement la capacité et les moyens nécessaires, j'en ai la conviction, de relever ce défi technique et industriel. Et je rencontre régulièrement pour cela Yann Marteil, le président de Smovengo, Laurent Mercat, le président de Smoove et Sébastien Fraisse, le directeur général d'Indigo.»
Que répondez-vous aux critiques ?
C. B.-E : «Ce que nous sommes en train de faire n’existe nulle part ailleurs dans le monde. Chaque borne doit être capable de recharger les vélos électriques. Personne n’avait l’expérience d’un tel service. Nous avons peut-être sous-estimé le temps nécessaire à ce déploiement, sous-estimé le calendrier. Tandis que le nouvel opérateur a sous-estimé l’attachement des usagers au service Vélib'. Je note d'ailleurs qu'il est très utilisé pour les trajets domicile-travail.»
Avez-vous prévu une indemnisation des abonnés ?
C. B.-E : «Les abonnés seront dédommagés pour l’interruption de ce service. Nous avons décidé d’indemniser les abonnés pour le mois de janvier, et probablement pour le mois de février. Nous avons également pris en compte les difficultés rencontrées pour rendre les Vélib', et face aux minutes qui continuent à tourner, alors que les usagers avaient restitué leur vélo, en toute bonne foi. Les élus ont donc acté le principe de ne pas décompter les locations [réalisées au mois de janvier ndlr] au-délà de 30 minutes. Celles-ci ne seront pas non plus facturées au-dessus d'un euro.»
Quelle forme prendra cette indemnisation ?
«Nous réfléchissons aux modalités de remboursement. Il faudra sans doute que les usagers en fassent la demande, via le site, et ce, courant mars. Nous déciderons avec les élus d'un système juste, qui permettra de calculer avec précision le montant exact à rembourser. Et nous dresserons un nouveau bilan, dans un mois. Mais les derniers éléments montrent que beaucoup de difficultés ont été levées, même si aujourd'hui l’objectif de 80 stations déployées par semaine n’a pas été tenu en janvier. La capacité à déployer des stations sera bien meilleure, d'ici à la fin du mois de février.»
Que prévoyez-vous pour la suite ?
C. B.-E : «Il faut que nous renforcions l’information et la sensibilisation auprès des usagers. Nous avons demandé à Smovengo de renforcer les équipes au centre d’appel, mais aussi sur les stations. Au total, 14 équipes d'ambassadeurs ont réalisé 500 points info Velib’ au mois de janvier, sur les stations pour aider les utilisateurs. C'est une montée en puissance et en compétence. On a quand même beaucoup progressé, même s'il y a encore des difficultés que nous découvrons. Nous avons aujourd'hui les moyens d'y répondre.»