Valérie de Boisrolin et Anne et Raymond Duong sont soupçonnés d’avoir envoyé de l’argent à leurs enfants en Syrie, par le biais de leur association subventionnée.
Ils ont été mis en examen vendredi 23 juin pour «association de malfaiteurs terroristes, financement du terrorisme et abus de confiance en relation avec une entreprise terroriste» et placés sous contrôle judiciaire, selon une information du JDD confirmée par l’AFP.
Des transferts à destination de la Turquie et du Liban
Ils avaient été placés en garde à vue il y a quelques jours dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte fin 2016. Tracfin, office antiblanchiment du ministère des Finances, avait détecté des transferts vers la Turquie et le Liban.
Valérie de Boisrolin, présidente de Syrie Prévention Familles, une association de parents d’enfants jihadistes partis en Syrie est soupçonnée d’avoir fait passer 1.200 euros à sa fille Léa, partie en Syrie en 2013 à l’âge de 16 ans, et plus de 1.000 euros à la mère d’un jihadiste via le compte de l’association. Elle est notamment connue pour avoir raconté son expérience dans le livre «Embrigadée».
Anne et Raymond Duong auraient quant à eux envoyé «plusieurs milliers d’euros» à leurs deux enfants. Leur fille était partie en Syrie après avoir rencontré un jihadiste sur Internet à l’été 2014 et avait été rejointe par son frère aîné.
«Ces associations ne servent pas à ça»
«Le problème, c’est que ces associations ne servent pas à ça» a expliqué une source proche du dossier à l’AFP. Syrie Prévention Familles gère «90.000 euros de subventions». Selon ses statuts, l’association est uniquement autorisée à soutenir les familles des «proches embrigadés par des groupes extrémistes», participer à la prévention des départs dans la zone et «aider les familles à maintenir le contact avec leurs proches toujours présents en Syrie et en Irak».
L’Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF) et la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire (SDAT) sont à présent chargés de l’enquête.
Jointe par le JDD, Valérie de Boisrolin, qui reconnaît les transferts mais nie avoir ponctionné la trésorerie de l’association à hauteur de 50 000 euros a annoncé son intention de démissionner de la présidence de l’association pour montrer sa «bonne foi».