Six mises en examen en une semaine, toutes liées à la préparation d’attentats en France. La menace terroriste ne faiblit pas, et prend même de nouveaux visages.
Lundi 12 septembre, ce sont trois femmes qui ont été écrouées, dans le cadre de l’enquête sur l’affaire des bonbonnes de gaz. Trois autres interpellations récentes concernent des garçons mineurs. Or, si des départs de femmes et d’adolescents vers la Syrie ont déjà été signalés, le passage à l’acte en France était jusqu’ici l’apanage d’hommes adultes. Il semble qu’il faille désormais s’attendre à des profils plus diversifiés.
Une discours idéologique efficace
Mères de famille sans histoire, adolescents discrets selon leurs proches… Ces jihadistes en puissance sont particulièrement difficiles à déceler. En quête de sens et de reconnaissance, ils sont parfois recrutés en quelques conversations exaltées. «Quand on a 14 ou 15 ans, on manque singulièrement d’occasions de discuter avec des adultes», souligne Michel Fize, auteur de «Radicalisation de la jeunesse» (Eyrolles).
Approchés par des figures charismatiques, les jeunes en situation d’échec scolaire ou familial sont facilement séduits par un discours qui propose d’en faire les héros d’une guerre présentée comme juste, contre un Occident corrompu. «Il n’y a plus d’idéologie, explique le chercheur. En voilà une très facile à comprendre.»
Dans le cas des femmes, Michel Fize souligne le mélange d’une culture jihadiste radicalement patriarcale et de valeurs occidentales égalitaires : elles se sont imposées comme femmes-soldats, alors que Daesh les cantonnait originellement au rôle d’épouses et mères de combattants.
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Comme leurs prédecesseurs, ces nouveaux jihadistes sont très présents sur les réseaux sociaux, à l’instar des mineurs interpellés la semaine dernière pour avoir préparé des attentats via la messagerie cryptée Telegram.
#Telegram, le réseau du terrorisme
>> https://t.co/rGfZeuugbl pic.twitter.com/2Ot4HAJQHW— iTELE (@itele) 12 septembre 2016
Mais si ils ont été en contact, sur Internet, avec des terroristes établis en Syrie, c’est en France qu’ils ont élaborés leurs projets d’attaques, sans passage préalable dans une zone de conflit au Moyen Orient. De fait, la surveillance aux frontières s’étant accrue, rejoindre la région irako-syrienne est devenu très difficile, et les candidats au jihad sont désormais incités à passer à l’acte en Occident.
Un phénomène difficile à contenir
La question de la prise en charge de ces individus souvent mineurs et dénués de casier judiciaire soulève de nombreuses questions. Un centre d’insertion destiné aux jeunes en voie de radicalisation doit ouvrir en Indre-et-Loire, et une douzaine de structures supplémentaires devraient être mises en place dans le pays.
Des voix s’élèvent en outre pour qu’un effort soit également fait en amont, en particulier au niveau de l’éducation. La plupart des experts prônent en effet une école qui porte davantage les valeurs de la République, capable de parler de religion de manière ouverte et dépassionnée.