Chômage, terrorisme, environnement, mariage homosexuel... Le bilan du quinquennat de François Hollande restera fortement contrasté comme en témoigne son renoncement à un second mandat.
La fragile inversion de la courbe du chômage
Le défi du déficit public
C'était l'un de ses 60 engagements de campagne : «Je rétablirai l’équilibre budgétaire en fin de mandat». Las, la reprise économique attendue par François Hollande dès 2013 a fait long feu. Trois ans plus tard, le déficit public s'élevait encore à 3,4% du PIB. Et même si le gouvernement prévoit qu'il sera ramené à 2,8% cette année, nombre d'analystes en doutent, à commencer par la Cour des comptes. Quant à «l'équilibre des comptes en fin de mandat», il est repoussé aux calendes grecques.
COP21 et bilan écologique
La France aura réussi avec la COP21 le pari diplomatique de mettre d'accord 195 pays sur un texte péniblement négocié depuis des années pour tenter de juguler le dérèglement du climat. Elle s'est fixé pour sa part des objectifs ambitieux comme la baisse de la consommation énergétique, une moindre dépendance aux énergies nucléaire et fossiles, la taxe carbone ou l'amorce d'un rapprochement entre les fiscalités de l'essence et du gasoil. Mais l'exécutif a donné des signes contradictoires, renonçant à l'éco-taxe et ne tenant pas la promesse présidentielle de fermer Fessenheim.
Education : peut mieux faire
«Je créerai en cinq ans 60.000 postes supplémentaires dans l’éducation». Cet objectif quantitatif est atteint, mais sans effet déterminant sur l'égalité des chances. Comme le classement Pisa de l'OCDE l'a souligné en 2016, l'école française figure toujours parmi les plus inégalitaires.
Chef de guerre
Les opérations extérieures ont assuré à François Hollande, chef constitutionnel des armées, une réputation de chef de guerre. En janvier 2013, alors que des colonnes de jihadistes menacent de fondre sur Bamako, il lance l'opération Serval qui mettra fin à cette offensive. En décembre, les force françaises sont déployées en Centrafrique où un conflit inter-religieux menace de faire sombrer le pays dans le chaos. Puis c'est l'opération Chammal en Irak, en septembre 2014, étendue un an plus tard à la Syrie.
La gauche éparpillée
François Hollande laisse une gauche en charpie, à commencer par le Parti socialiste, traversé pendant la plus grande partie du quinquennat par de fortes tensions entre «frondeurs» et soutiens au gouvernemet. Au premier tour de la présidentielle, Benoît Hamon a réalisé avec 6,36% le plus mauvais score de l'histoire du PS. Minés par leurs dissensions, les Verts ont presque disparu du champ politique. La majorité présidentielle qui détenait tous les leviers du pouvoir en début de mandat (Etat, Assemblée nationale, Sénat, la plupart des régions...) se retrouve réduite à peau de chagrin.
«Père de la Nation»
Le 7 janvier 2015, quand la rédaction de Charlie Hebdo est décimée par les frères Kouachi, François Hollande se rend immédiatement sur place pour appeler ses compatriotes à «l'unité nationale» face à la «barbarie». Il réunit dans la foulée un Conseil de défense à l'Elysée, premier d'une très longue série. Le même schéma se reproduira après les attaques du Bataclan ou de Nice. Un faux-pas: la déchéance de nationalité qu'il propose d'étendre aux binationaux nés français, trois jours après les attentats du 13 novembre. Le projet divise profondément la majorité présidentielle et est abandonné.
Mariage pour tous
Pourfendue par la droite au Parlement et par la Manif pour tous dans la rue, la loi du 17 mai 2013 «ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe» est adoptée à l'issue de 136 heures de bataille parlementaire. Elle ouvre de nouveaux droits pour le mariage, l'adoption et la succession aux couples de gays ou de lesbiennes.
Culture : le régime des intermittents préservé
Le principal acquis culturel du quinquennat Hollande restera sans doute la solution trouvée à la crise des intermittents du spectacle, qui menaçait les grands festivals à l'été 2014. Le 28 avril 2016, un accord unanime est signé par le secteur culturel sur le régime d'assurance chômage spécifique aux intermittents. Le gouvernement compense le manque à gagner pour l'assurance chômage de sa mise en œuvre.