Les PME du recyclage des déchets ont critiqué mardi la feuille de route "Recyclage et matériaux verts" qui doit être remise au ministère de l'Economie mercredi dans le cadre de la Nouvelle France industrielle.
Federec, fédération qui regroupe 1.300 entreprises, surtout des PME, a ainsi décidé de "se désolidariser" de cette feuille de route, accusant les grands groupes du secteur, Veolia et Sita de privilégier leurs intérêts.
Selon le président de Federec, Jean-Philippe Carpentier, c'est une version "complètement réécrite du texte sur lequel un consensus avait été trouvé le 25 juin" qui a été retenue.
"Ce plan est une incroyable opportunité pour la profession, mais depuis le début il a été mal piloté, parce que focalisé sur des intérêts particuliers", a-t-il estimé, pointant l'attitude de Veolia et de Sita.
"Federec a été totalement intégré et largement écouté et toute une série de leurs remarques ont été ajoutées à la feuille de route", a répondu à l'AFP Antoine Frérot, PDG de Veolia et président du comité de pilotage de cette feuille de route.
"Sur les 111 projets industriels retenus dans la feuille de route (à l'issue d'un appel à projets, NDLR), 61 proviennent des entreprises de Federec", a-t-il ajouté.
Mais selon Jean-Philippe Carpentier, le texte définitif reprend des mesures qui avaient été écartées pendant les discussions et n'en inclut pas d'autres alors qu'elles figuraient dans la version de consensus, dont l'AFP a obtenu copie.
Un exemple: Federec plaidait pour la réalisation d'un centre technique qui permettrait au PME de co-financer leur recherche et développement. Dans la version finale, ce centre est passé à la trappe. "Veolia a un centre d'innovation et de R&D extraordinaire, sauf que les entreprises sont avant tout des PME et des ETI qui n'ont pas les moyens d'avoir de centre d'innovation", a fustigé le président de Federec.
Une décision qu'assume Antoine Frérot, PDG de Veolia, qui explique à l'AFP que le comité a choisi "de proposer des actions sur l'innovation technique dans des cadres qui existent déjà" plutôt que de créer de toute pièce un nouveau système.
L'un des enjeux de l'avenir de la filière est de réduire la quantité de déchets enfouis et donc non recyclés. Pour cela, la feuille de route définitive propose un développement des capacités de tri avec la création de près de 60 nouvelles unités.
Mais la fédération accuse les deux groupes de vouloir faire financer par des subventions publiques le rattrapage de leur retard dans le recyclage, où ils ne détiennent que 15% du marché, selon Jean-Luc Petithuguenin, PDG de Paprec, qui ajoute que "les capacités existent déjà en France" dans les PME.
Tel qu'il est présenté, "c'est un plan dans lequel les pouvoirs publics viennent au secours de deux groupes", a-t-il renchéri.
Faux répond à l'AFP, Antoine Frérot, qui affirme que "la feuille de route ne demande pas des subventions mais des mesures réglementaires" pour favoriser ces investissements.
Par ailleurs, la feuille de route porte une attention à la répartition de ces futurs centres de tri par rapport à ceux existants.
Jean-Philippe Carpentier, qui précise que "tout n'est pas mauvais dans ce plan", comme l'instauration d'une TVA réduite sur les matières premières recyclées, appelle désormais le ministère de l'Economie à "reprendre les choses en main" et à mener "une véritable concertation".