Hervé Couasnon, "poète-escaladeur" autoproclamé et coutumier d'actions spectaculaires, a réussi vendredi à déjouer les contrôles de sécurité de l'aéroport de Toulouse-Blagnac et à rester plus d'une heure sur le tarmac, a-t-on appris auprès de l'intéressé et de la gendarmerie.
Avant d'être interpellé peu avant 18H00 par la gendarmerie du transport aérien (GTA) en zone réservée de l'aéroport, M. Couasnon avait pris le temps d'appeler l'AFP à Toulouse pour relater, avec beaucoup de fierté mais peu de détails, comment il était arrivé jusqu'au tarmac au nez et à la barbe des équipes de sécurité.
"Je suis sur le tarmac. Il y a des avions en stationnement devant moi", a-t-il décrit.
"Le but, c'était de déjouer la sécurité sans se faire repérer. N'importe qui peut passer avec un sac. Ni vu ni connu, il peut se retrouver sur le tarmac et je trouve que c'est grave parce que quelqu'un de mauvaise intention peut s'attaquer à des avions", a-t-il déclaré.
M. Couasnon affirme avoir découvert l'aéroport de Toulouse-Blagnac vendredi midi: il ne lui a fallu, selon lui, que quelques heures pour repérer "où il fallait passer", sans plus de précisions.
"C'est pas plus compliqué, c'est mon métier, déjouer la sécurité", ajoute cet habitant de Périgueux de 54 ans, chauffeur de bus de profession.
Interrogé sur les raisons du choix de l'aéroport de Toulouse, le quatrième aéroport de province, M. Couasnon a offert une de ces réponses désarmantes dont il a le secret: "J'étais à l'aéroport de Nantes hier mais il pleuvait et il faisait gris, et l'aéroport est petit par rapport à Bordeaux ou à Toulouse, alors je me suis rabattu sur Toulouse".
Les responsables de la sécurité de l'aéroport pourront toujours se consoler en consultant la longue litanie des actions de M. Couasnon, qui s'est déjà notamment distingué en mai 2012 en s'introduisant dans l'enceinte de la centrale nucléaire française à Civaux (Vienne).
Il doit d'ailleurs comparaître le 4 juillet devant le tribunal correctionnel pour cette intrusion, a-t-il indiqué.
En avril 2011, pour faire parler de sa candidature à l'élection présidentielle française annoncée un 1er avril, il avait escaladé la mairie de Limoges, avant d'abandonner la course à l'Elysée en février 2012, faute de parrainages suffisants.
En août 2003, le "poète-escaladeur" avait déjà été interpellé sur des toits près de l'ambassade des États-Unis alors qu'il jetait des tracts.
La même année, il avait été retrouvé le 5 octobre juché sur l'enseigne du palace niçois Le Negresco, puis le 10 novembre sur le rebord du beffroi de l'Hôtel de ville de Rennes, lançant aux passants des poèmes de sa composition.
Le 17 décembre de la même année, il s'était introduit sur le perron de l'Élysée pour demander à remettre personnellement au président Jacques Chirac le CD d'une chanson qu'il avait enregistrée.
L'année précédente, le 3 juillet, il avait approché le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin à la tribune de l'Assemblée nationale pour lui remettre une coupe sportive, avant d'être neutralisé par des huissiers.
M. Couasnon affirme aussi avoir "escaladé les murs de l'ambassade américaine à Paris en 1991, pendant la guerre du Golfe", et avoir grimpé sur une grue proche de l'ambassade d'Iran à Paris.