Dans un appel rendu public mercredi 24 avril, une trentaine de personnalités dont de nombreux médecins, réclament la mise à disposition du public du médicament Baclofène dans le traitement de l'alcoolo-dépendance.
Des personnalités ont lancé un appel mercredi afin de dénoncer "l'atermoiement" des autorités dans la mise à disposition du Baclofène, médicament testé pour traiter l'alcoolisme. Parmi les signataires figurent notamment le professeur Didier Sicard, ancien président du Comité consultatif national d'éthique (CCNE), le Pr Bernard Debré, député UMP de Paris, et le Professeur Bernard Granger, professeur de psychiatrie à l'Université René Descartes (Paris).
"Alors qu'il existe un médicament susceptible d'aider une large proportion des patients alcoolo-dépendants, les pouvoirs publics font preuve d'atermoiements et freinent la mise à disposition de ce traitement pour tous ceux qui en auraient besoin", soulignent-ils.
Demande de recommandation temporaire d'utilisation
Les signataires demandent à l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) d'autoriser une recommandation temporaire d'utilisation (RTU) "dans les plus brefs délais" pour le Baclofène, dans l'attente de son autorisation de mise sur le marché (AMM).
La recommandation temporaire d'utilisation est une mesure prise pour une durée de trois ans lorsque pour une pathologie donnée il n'existe pas d'alternative thérapeutique appropriée disposant d'une autorisation de mise sur le marché.
Une demande de RTU concernant ce médicament est actuellement en cours d'instruction à l'ANSM.
Les signataires de l'appel insistent sur le drame de l'alcoolisme, soulignant que plus de 100 personnes meurent prématurément chaque jour en France à cause de l'alcool. C'est "un fléau social de grande ampleur qui touche non seulement les patients alcoolo-dépendants mais également leur entourage", relèvent-ils.
Deux essais cliniques en cours
Initialement, le Baclofène est utilisé en tant que décontractant musculaire, notamment pour traiter des patients atteints de la sclérose en plaque. Il est autorisé en France pour ces pathologies précises depuis 1974 et est commercialisé sous la marque Liorésal pour les laboratoires Novartis et sous le nom Baclofène Zentiva pour les laboratoires Sanofi-Aventis.
En 2008, le cardiologue Olivier Ameisen mettait en avant l'efficacité de ce médicament dans le traitement de l'alcoolisme dans l'ouvrage "Le dernier verre". Le médecin l'avait testé sur lui-même alors qu'il souffrait de cette addiction.
Actuellement deux essais cliniques sont en cours sur l'utilisation du baclofène dans le traitement de cette pathologie : l'essai Bacloville, autorisé en avril 2012 par l'ANSM, et l'étude Alpadir initiée en milieu hospitalier en octobre dernier.
En juin 2012, l'Afssaps affirmait dans un communiqué que si "l’efficacité du baclofène dans la prise en charge de l’alcoolo-dépendance n’est pas encore démontrée à ce jour, de nouvelles données observationnelles montrent des bénéfices cliniques chez certains patients".
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