Air France, qui s'efforce de résorber le sureffectif chez ses pilotes, a proposé une "incitation financière", estimée à plusieurs dizaines de milliers d'euros, pour les encourager à travailler chez sa filiale Transavia, suscitant la colère de certains personnels.
"Pour les inciter à voler pour Transavia pendant trois ans, une prime correspondant à cinq à six mois de salaire leur a été proposée cette semaine", a déclaré à l'AFP une source interne à la compagnie.
"Les sommes qui circulent sont 60.000 euros pour un captain (commandant) et 30.000 euros pour un copilote", a déclaré une autre source, précisant que le salaire moyen tous pilotes et commandants confondus était de l'ordre de 10.000 euros.
"En effet, le principe de cette incitation financière figure en toutes lettres dans l'accord proposé aux pilotes. Cette incitation est proposée en toute transparence dont les contours restent à définir mais ce sera autour de cinq à six mois de salaire", a déclaré à l'AFP un porte-parole de la compagnie.
"Air France refuse que ce soit assimilé à un méga bonus (...), c'est une compensation de leur perte de pouvoir d'achat alors qu'ils vont permettre de développer une filiale", a-t-il toutefois insisté.
Il a en outre argué que cet accord "gagnant-gagnant est plus souple". "Et cela permet de garder au sein du groupe Air France les compétences de nos pilotes".
Fin juin, la direction avait annoncé la d'ici fin 2013, de 5.122 postes (10%): 1.712 correspondent à des départs naturels non remplacés et 3.410 au sureffectif estimé par la compagnie, dont 450 pilotes sur les quelque 4.000 au total.
courtisés par les compagnies émergentes
Pour réduire ce sureffectif, l'une des pistes envisagées est donc d'inciter les pilotes à voler chez Transavia France.
Air France a décidé de développer cette filiale dédiée au segment tourisme, avec une flotte 14 avions en 2014 contre 8 actuellement.
Pour six avions supplémentaires, la compagnie aura besoin de 60 pilotes.
Les pilotes volontaires conserveront leur contrat Air France et les plus anciens étant prioritaires.
La compagnie financera en outre leur qualification sur les avions moyen-courriers Boeing 737, Air France étant équipée d'Airbus A320.
En contrepartie, les pilotes travailleront plus --les pilotes de Transavia étant 15% plus productifs que ceux d'Air France (environ 800 heures de vols par an)-- mais pour un salaire équivalent.
"Ces sommes sont scandaleuses (...) Ceux qui vont en bénéficier seront ceux qui gagnent le plus", a jugé un commandant de bord moyen-courrier, sous couvert d'anonymat.
"Je trouve ça d'autant plus choquant que des tas de personnels doivent se serrer la ceinture. Et cela va par ailleurs bloquer les avancements de carrière de nos collègues de Transavia", a-t-il commenté.
Cette incitation financière suscite également la colère de certaines hôtesses et stewards (PNC).
"C'est choquant, ce sont de véritables nantis", a déclaré une hôtesse.
Le porte-parole a affirmé que dans cette logique, certaines catégories de personnels au sol peuvent postuler à des emplois de PNC chez Transavia France.
"La direction était prête à envisager un dispositif similaire pour les PNC mais leurs syndicats ne l'ont pas souhaité", a-t-il enfin affirmé, une information démenti par l'Unsa.
"C'était sur la base du volontariat, oui, mais sans primes vraiment avantageuses; du coup, ça n'a jamais été dans les discussions", a déclaré à l'AFP Franck Grelin, délégué alors que deux des trois syndicats des PNC ont rejeté le projet d'accord régissant leurs conditions de travail.
La direction a enfin expliqué que cette incitation n'est qu'un "dispositif parmi d'autres": Air France a été approchée par des compagnies des pays émergents comme la Chine pour détacher ses pilotes pendant une durée limitée.
Le groupe Air France-KLM, en restructuration, vise deux milliards d'économies à l'horizon 2015 avec 20% d'efficacité économique supplémentaires.