Il y a six mois, un fourgon pénitentiaire a été attaqué au niveau du péage d’Incarville. Au cours de la fusillade, deux agents pénitentiaires ont été tués et le criminel Mohamed Amra s’est évadé. Depuis, l’administration pénitentiaire s’est renforcée à travers plusieurs moyens, comme les brouilleurs ou des véhicules «nouvelle génération».
Le 14 mai 2024, deux agents pénitentiaires ont été tués lors de l’attaque d’un fourgon pénitentiaire transportant le détenu Mohamed Amra au niveau du péage d’Incarville, dans l’Eure. Au cours de la fusillade, trois autres agents ont été blessés.
C’est à l’issue de cette attaque sanglante que le criminel Mohamed Amra est parvenu à s’évader. Mais jusqu’à présent, l’homme n’a toujours pas été repéré et sa traque se poursuit. Dans le même temps, le parquet de la Juridiction Nationale de Lutte contre la Criminalité Organisée (JUNALCO) a ouvert une information judiciaire à l’encontre du fugitif notamment des chefs de meurtre en bande organisée au préjudice des agents pénitentiaires et tentatives de meurtres en bande organisée au préjudice de trois agents pénitentiaires.
Depuis ce drame, l’administration pénitentiaire s’est dotée de nouveaux moyens afin d’assurer la sécurité de ses agents. Ceux-ci sont encadrés par le protocole d’accord «Incarville» signé par l'ex-ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, et les organisations syndicales représentatives, le but étant «d’apporter des réponses rapides aux demandes formées en matière de sécurité et d’évolution des pratiques professionnelles», a indiqué l’administration pénitentiaire, contactée par CNEWS, ce jeudi 14 novembre.
Selon nos informations, le budget consacré à la sécurisation des établissements pénitentiaires avoisine 84 millions d’euros en 2024, soit une hausse de 8,9% par rapport à 2023. Car comme nous l’explique l’administration pénitentiaire, cette dernière «entend jouer pleinement son rôle dans la chaîne de la justice et dans la réponse pénale à apporter pour lutter contre le fléau de la criminalité organisée».
Comme nous l’avions indiqué dans un précédent article, de nouveaux véhicules d’extraction judiciaire dits «nouvelle génération» ont été livrés, notamment à Marseille, comme l’avait fait savoir le ministre de la Justice, Didier Migaud, le 8 novembre dernier.
Ces véhicules vont permettre «la sécurité des personnels pénitentiaires notamment dans les affaires de criminalité organisée». Aussi, le ministère de la Justice compte également mettre l’accent sur l’armement des agents pénitentiaires, toujours conformément à l’accord Incarville.
brouillage «total» et brouillage «partiel»
Toujours dans le cadre de même accord, l’administration pénitentiaire nous précise que «la lutte contre les communications téléphoniques illicites par les détenus est un engagement constant de l’administration pénitentiaire». De ce fait, deux sortes de brouillages ont été mis en place.
On retrouve d’abord ce que l’on appelle «le brouillage total». Celui-ci concerne tous les quartiers d’un établissement. «Les établissements les plus sécuritaires sont équipés en priorité. A ce jour, 20 établissements bénéficient de dispositifs de brouillage total. Le protocole d’accord prévoit que d’ici à fin 2025, 38 établissements seront équipés», a expliqué l’administration pénitentiaire à CNEWS.
En 2e catégorie, on retrouve «le brouillage partiel». Celui-ci «concerne les quartiers d’isolement de près de 90 établissements, dans lesquels sont hébergés des détenus vulnérables ou pouvant présenter un risque potentiel».
Dans les établissements pénitentiaires ne disposant pas de brouillage total ou partiel, l’administration a déployé 110 brouilleurs mobiles, selon nos informations. Cinquante brouilleurs mobiles supplémentaires seront livrés prochainement. Selon l’administration pénitentiaire, ces brouilleurs «permettent, en fonction des besoins opérationnels, le brouillage d’une à deux cellules lorsqu’ils sont positionnés à proximité».
D’autres mesures ont également été prises par l’administration pénitentiaire afin de sécuriser les domaines pénitentiaires et leurs abords comme le déploiement des équipes locales de sécurité pénitentiaire, la mise en place d’opérations conjointes avec les forces de sécurité intérieures, l’installation de caméras de vidéo-surveillance et de filins anti-projection ainsi que le déploiement de dispositifs anti-drone.
Selon l’administration pénitentiaire, «38 établissements pénitentiaires sont équipés à ce jour de dispositifs anti-drones. Le protocole d’accord prévoit que d’ici à fin 2025, 90 établissements soient équipés».