Ce mardi 12 novembre, le tribunal correction de Paris rendra sa décision dans l'affaire du réseau pédopornographique sur Telegram démantelé en février 2024. Des peines allant jusqu'à deux années de prison avaient été requises par le ministère public.
Un nouveau groupe d'hommes face à la justice. Ce mardi 12 novembre, neuf individus impliqués dans le démantèlement d'un réseau pédopornographiques, seront présentés face au tribunal correctionnel de Paris pour entendre leur peine. En septembre, lors des débats judiciaires, jusqu'à deux années de prison avaient été requises.
Pour rappel, ces personnes, pour la plupart des jeunes hommes, avaient été interpellées en février 2024 par la police. Les suspects faisaient partie du groupe «No Limit», dans lequel étaient disponibles près de 15.000 images illicites. Cette messagerie, hébergée par Telegram, fonctionnait sur la base d'un échange. Plus concrètement, si l'on voulait recevoir une vidéo, il fallait en envoyer une. De quoi alerter les agents du commandement de la gendarmerie dans le cyberspace (ComCyberGend) qui a réussi à identifier les contrevenants.
Lors du procès, la plupart a assuré avoir quitté le groupe dès qu'un doute apparaissait quant à la nature des images. «J'ai compris en voyant le nom des liens que je partageais qu'il y avait du contenu pas normal mais je ne regardais pas. Pour moi c'était juste une monnaie d'échange pour obtenir des vidéos pornographiques, parce que ces images avec des enfants sont très demandées», a expliqué un jeune homme de 19 ans au tribunal. Mais d'autres ont admis être au courant du caractère illégal des images et s'en être servis comme «monnaie d'échange».
Six mois de prison avec sursis requis pour la plupart
À la rescousse de leurs clients, les avocates de la défense ont avancé que ces jeunes adultes avaient une addiction à la pornographie, sans aucune attirance pour les enfants. «Mon client vivait dans une bulle numérique où tout se partage facilement, où rien n'a l'air grave. Il a partagé ce contenu qu'il savait très prisé sur Telegram en mettant des œillères», a assuré l'une d'entre elles.
Dans ses réquisitions, le parquet a demandé une peine de deux ans d'emprisonnement ferme pour le fondateur et manager du groupe Telegram, ainsi que 18 mois de prison avec sursis pour l'autre administrateur. Quant aux sept autres prévenus, six mois de prison avec sursis ont été requis.
Toutefois, les avocats de la défense se sont insurgés face à la volonté de reconnaître la circonstance aggravante d'actes «en bande organisée» : «Ces garçons ne se connaissaient pas. La justice veut régler ses comptes avec Telegram en utilisant des gamins», s'est emporté Maître Sébastien Garnier, défendant un homme de 19 ans.
En effet, le fondateur du réseau social Telegram, Pavel Durov, a été interpellé à Paris au mois de septembre et mis en examen pour «refus de communiquer les informations nécessaires aux interceptions autorisées par la loi» et complicité de délits et crimes s'organisant sur le site, comme le trafic de stupéfiants, le streaming illégal et la pédocriminalité. Après un long dialogue de sourds, il a fini par céder et désormais, la plate-forme numérique est contrainte de transmettre des informations aux forces de l'ordre françaises.