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Mort d'un étudiant en médecine lors d'une soirée d'intégration : le procès des organisateurs s'ouvre ce mercredi

Cette soirée d'intégration avait été organisée par un groupe de futurs médecins se faisant appeler les Borgia, en référence à la famille romaine connue pour ses orgies. [LOIC VENANCE / AFP]

Quatre personnes doivent comparaître ce mercredi devant la justice pour leur implication dans le décès de Simon Guermonprez, étudiant en médecine mort en 2021 après une soirée d'intégration.

Simon Guermonprez, 19 ans, sortait tout juste d'une soirée d'intégration de la faculté de médecine de Lille (Nord) lorsqu'il a été mortellement percuté par une balayeuse sur l'autoroute, le 9 juillet 2021. Ce mercredi 4 septembre, quatre personnes doivent comparaître devant le tribunal correctionnel pour «homicide involontaire», «bizutage» et «complicité de bizutage».

Le premier chef d'accusation concerne le conducteur du camion ayant percuté le jeune homme, tandis que deux étudiants en médecine, identifiés comme les chefs du groupe organisateur, sont soupçonnés de bizutage. Enfin, une troisième élève, qui avait prêté son appartement pour la soirée, est jugée pour complicité.

Au moment du drame, Simon Guermonprez venait de valider sa première année de médecine à la fac de Lille, comme le rappelle le Parisien. Ce soir-là, il avait rejoint d'autres étudiants pour participer à une fête d'intégration organisée par un groupe de futurs médecins se faisant appeler les Borgia, en référence à la famille romaine connue pour ses orgies.

L'enquête a montré qu'une grande quantité d'alcool, «trois bassines de 60 litres» était à disposition des étudiants et que les «bizuths», comme Simon, devaient se mettre à genoux pour être servis, à l'aide de seringues. Une cible avait d'ailleurs été dessinée sur le front du jeune homme pour signifier qu'il acceptait de boire de l'alcool.

Après la soirée, le jeune homme a pris le métro puis un taxi pour rentrer chez lui. Il était un peu plus de minuit lorsqu'il a aperçu de la lumière au domicile familial et décidé d'aller marcher en attendant que ses parents aillent se coucher.

Les enquêteurs savent que Simon s'est pris en photo avec son téléphone peu après, à 0h43, alors qu'il traversait un pont surplombant l'autoroute. Dans une synthèse, ils supposent que l'étudiant en médecine a fait tomber son portable et a été percuté sur l'A27 alors qu'il tentait de le récupérer.

Des déclarations «coordonnées»

Aux policiers, les «Borgia» ont assuré que les bizutages n'existent pas dans les groupes d'intégration et que les pratiques décrites ici s'apparentent davantage à un «mode opératoire». Les deux chefs de groupe, qui comparaissent ce mercredi, ont assuré que personne n'avait été forcé à boire.

Mais les policiers, eux, notent que les étudiants interrogés sont très «coordonnés dans leurs déclarations». Ils soulignent également une certaine «omerta» entretenue par les élèves comme par les responsables de l'université. Les premiers «minimisent les pratiques de bizutage» tandis que les seconds «réfutent toute responsabilité», d'après les forces de l'ordre.

Pour l'heure, aucune poursuite n'a été intenté contre l'université. Cela pourrait conduire au renvoi du procès de ce mercredi 4 septembre, puisque la famille de Simon Guermonprez, aidée de son avocat, souhaite étudier la possibilité d'étendre les poursuites aux responsables de la fac.

Une enquête de l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR) a déjà pointé la gestion des soirées d'intégration par l'Unité de formation et de recherche (UFR) de médecine. Les rapporteurs ont estimé que l'université comme l'UFR «n'ont pas mis fin à des pratiques inadmissibles et condamnées par la loi», contribuant même à leur «pérennisation» et leur «amplification».

Le rapport de l'IGESR reproche aux responsables de la face d'avoir «entravé» les investigations et démontré une «passivité institutionnelle» face à «certaines formes de bizutage, voire d'expression de violence sexiste».

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