Le parquet de Paris a requis, ce mardi 7 novembre, vingt ans de réclusion criminelle à l'encontre de Jean-Christophe Quenot, un ex-professeur de français expatrié à Singapour et soupçonné d’avoir commis des abus sexuels sur des mineurs dans plusieurs pays d’Asie durant une trentaine d’années.
Au total, 174.000 photos et vidéos choquantes. Accusé d'agressions sexuelles ou de viols sur au moins une cinquantaine d'enfants en Asie du Sud-Est (Thaïlande, Malaisie, Singapour, Philippines, Inde, Sri Lanka et Indonésie) entre 1990 et 2019, Jean-Christophe Quenot, un professeur de français expatrié à Singapour, est jugé depuis vendredi devant la cour criminelle de Paris pour des abus sexuels commis sur des mineurs en Malaisie entre 2014 et 2017.
Le parquet a requis ce mardi une peine de vingt ans de réclusion criminelle, demandant par la même occasion une obligation de suivi socio-judiciaire de vingt ans à l'issue de la peine.
Arrêté en Thaïlande en flagrant délit
La justice française a souhaité «scinder» les différentes affaires dans lesquelles il est impliqué. «Des investigations particulièrement lourdes tant du fait du nombre d'abus sexuels étendus dans le temps que des investigations internationales (...), doivent se poursuivre s'agissant des autres chefs de mise en examen», avaient estimé les enquêteurs.
Il avait été arrêté en février 2019 par la police thaïlandaise, en flagrant délit, alors qu'il se trouvait dans une chambre d'hôtel de Bangkok avec deux garçons de 14 ans. Les policiers avaient également découvert une caméra et un ordinateur avec des contenus pédopornographiques. Placé en détention, il avait été libéré au bout de quelques jours après le versement d'une caution de 300.000 baht (environ 8.000 euros) en liquide.
Muni de son passeport français, il avait ensuite réussi à quitter illégalement la Thaïlande via la Malaisie pour rejoindre la France. Il avait finalement été arrêté par des policiers de l’Office central de répression des violences aux personnes (OCRVP) à son domicile familial de Besançon le 30 mars 2019.
Plus de 174.000 photos et vidéos saisies
Lors de sa garde à vue, il avait reconnu qu'il payait de jeunes garçons pour assouvir ses fantasmes. «On trouve des jeunes garçons ouverts à des relations sexuelles tarifées car ils sont pauvres et ont besoin d'argent de poche», avait-il expliqué.
Interrogé sur les films qu'il tournait, il assurait que «les gamins aiment bien jouer à la 'porn-star' quand ils ont des relations sexuelles avec moi». Plus de 174.000 photos et vidéos le mettant en scène abusant d'enfants ont été saisies par les enquêteurs.
«Les conditions de vie, économique et sociale, très précaires de ces enfants - situation les contraignant à s'adonner à la prostitution en désespoir de cause - les plaçaient dans une vulnérabilité certaine qui annihilait nécessairement leur liberté de choix», avait souligné le juge instructeur.
Créées en 2019 pour désengorger les cours d'assises, les cours criminelles départementales sont caractérisées par l'absence de jury populaire. Elles sont composées de cinq magistrats professionnels et sont compétentes pour juger des crimes punis de quinze ou vingt ans de réclusion, soit essentiellement des viols.